Dans ce roman, davantage écrit sur le mode du dialogue humoristique et philosophique que narratif, Pandore s’offre d’elle-même. Et si bien qu’Ovide lui-même lui déclare que chaque phrase qu’elle prononce est un trousseau de clés destiné à percer ses secrets sans mystère. Sans nul doute elle s’étale et découvre son boudinou comme le plus beau des nombrils. Aussi, dans la joute exposée entre Ovide et elle, le grand auteur des métamorphoses n’est qu’un faire-valoir de ses vertus et qualités. Elle nous parle d’elle, et lorsqu’elle donne la parole à Ovide, c’est pour mieux parler d’elle encore.
« Je veux que tout le monde soit à mes pieds. Je le mérite largement ! Cette sorte d’énormité, c’est sans pudeur aucune que j’ai le front de l’écrire. D’ailleurs, je serais prétentieuse, je me prendrais pour mieux que je ne suis. De savoir ce que je veux et de ne m’en pas vanter fait ded moi une modeste. Ovide applaudirait des deux mains ! ». Avec Je ne suis là pour personne, Mirèse Akar signe un pied-de-nez à l’auto-satisfaisante littérature si facile dans laquelle on trouve « une métaphore osée, une hyperbole pour dix litotes ». Bien loin des « romans de gare », essai auquel Ovide lui conseille fortement de s’essayer, cet ouvrage nous emmène dans un monde où la littérature, la vraie, est vouée au succès par l’écriture, et non par la recette à garniture truffée d’astuces. C’est un roman tissé d’autodérision, drôle et agréable à parcourir d’un bout à l’autre. Pour la lire encore, souhaitons qu’Ovide vienne encore hanter les sommeils de Pandore.
© Léthée Hurtebise – le 27 juillet 2005 – JDC n°16