L’année 2011 commence très fort ! Le premier film vu cette année est excellent. Je ne l’ai pas vu au cinéma, mais en DVD. Il s’agit de La comtesse, par et avec Julie Delpy.
Voici le synopsis : A la mort de son mari, la comtesse Erzébeth Bathory se trouve à la tête d’un vaste domaine et d’une immense fortune. Aidée de sa confidente, la sorcière Anna Darvulia, Erzébeth étend progressivement son influence, suscitant chez chacun crainte, admiration et haine, pour devenir la femme la plus puissante de la Hongrie du 17ème siècle – dictant ses conditions jusqu’au roi lui-même. Elle rencontre alors un séduisant jeune homme dont elle tombe éperdument amoureuse mais celui-ci l’abandonne. Certaine d’avoir été délaissée car elle n’était plus assez jeune et belle.
Sombrant progressivement dans la folie, Erzébeth, à la suite d’un accident, se persuade que le sang de jeunes vierges lui procure jeunesse et beauté. Elle commence à prendre des bains dans le sang des jeunes filles du château puis de la région. Débute alors une série d’actes sanglants et diaboliques…
Julie Delpy s’est expatriée aux US il y a quelques années. Elle porte plusieurs casquettes : compositrice (elle a fait toutes les musiques du film, et elles sont vraiment sublimes), actrice, réalisatrice, productrice, chanteuse… Elle a fait sa première apparition au cinéma à 7 ans, et a enchaîné depuis des films sous la direction de Godard, Tavernier, Goldberg. Elle a déjà 4 réalisations à son actif. Elle préfère les petites productions, et le chef-d’oeuvre que je viens de voir comporte quelques douces remarques féministes… Ce n’est pas pour me déplaire !
Sa chevelure blonde, son teint blafard, ne laissent supposer, lorsqu’on ne connait pas son parcours, qu’on doit s’attendre à voir quelque chose de sombre, de (presque) gore, cru, dense. La comtesse est presque gothique. Erzébeth Bathory sombre dans une folie démoniaque et sanglante, meurtrière, à une époque où l’on condamne au bûcher hérétiques et sorcières. Julie Delpy s’est emparé de ce personnage historique et a imaginé autour d’elle toute une intrigue initiée et imaginée par des hommes avides de pouvoir, de territoires : Julie Delpy confronte l’horreur des crimes commis par la comtesse, qui assassine de jeunes vierges, puis de jeunes enfants pour conserver la beauté de ses traits et la douceur de sa peau, à l’ignominie des hommes encourageant la démence d’une mère de famille et tout ce que cette folie implique, pour assouvir leur soif de pouvoir. Les dés sont jetés : il s’agit d’un combat opposant le crime contre l’innocence, et le crime contre l’humanité qui permet de la préserver.
Mais l’on se garderait bien de prendre des raccourcis trop subitement : le bien n’est pas représenté par les femmes et le mal par les hommes. Tout cela est bien plus ambigu, et lorsque l’homme aime à se faire battre par sa Dame, quand bien même s’agirait-il de faire naître en elle une cruauté latente, il n’en reste pas moins qu’elle tient le fouet et finit par tirer un certain plaisir à dominer elle aussi ce qui l’entoure. Le film comporte d’ailleurs une très très belle histoire d’amour, remarquablement traitée et qui sert magnifiquement l’intrigue du film.
La comtesse est un chef-d’oeuvre, je le redis, qui nécessite tout de même ce petit avertissement : âmes sensibles… méfiez-vous de certains passages. Sans être vulgaires ni outrancières, quelques scènes sont à la mesure de l’ambiguïté d’Erzébeth Bathory : à la fois belles et monstrueuses…
