Tokyo. Le Denny’s. Une jeune fille, Mari, est plongée dans la lecture d’un livre. Au même moment, sa soeur Eri, est plongée dans un sommeil dont elle ne semble pas vouloir revenir. Un homme tabasse une prostituée. Un groupe s’adonne à une répétition de jazz, dans un sous-sol non loin de là. C’est la nuit, et pourtant à Tokyo, dans ce quartier, entre le dernier et le premier train, il ne pourrait y avoir plus de vie. Les uns vont se croiser, s’apprécier, se promettre d’autres rencontres, se promettrent de ne plus se voir, espérer ne plus s’approcher. Tous en tout cas s’observent, comme des chats dont l’oeil se fait plus sûr à la tombée du jour, dans la nuit noire. Les chats d’ailleurs, ne sont pas loin. Tapis dans un square, à quelques centaines de mètres, ils attendent un morceau de thon comme du pain béni.
Le passage de la nuit, Haruki Murakami
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De cette lecture du Passage de la nuit, on peut retenir une intensité hors du commun. Quelques épisodes laissent entrevoir un brin de fantastique, tels ces miroirs qui retiennent les images, la télévision qui se transforme en passage, elle aussi. En somme, tout le monde est de passage, dans cette immobilité contrainte par les horaires de train, ou par un chagrin, une envie de plaisir, un travail, une échappée. A moins que le véritable passant soit ce personnage que Murakami nous invite à incarner ? La tension monte, et pourtant, tout passe ainsi, comme un pas feutré dans la nuit… jusqu’au levé du jour.