Après les révolutions du maghreb, il semblerait que le mouvement se poursuive doucement cette semaine dans deux pays européens gouvernés par la droite depuis plusieurs années : deux pays qui d’ailleurs montrent quelques affinités montantes avec l’extrême droite.
Les petites révolutions dont je parle, ne sont pas de même ampleur. Si je les rapproche toutefois, c’est qu’elles se sont produites toutes deux dans le cadre d’un événement hautement culturel. L’un des événements se situait lors de la cérémonie des Molières. Je veux bien entendu parler de la prestation de Michel Fau qui fait le tour du web cette semaine, dans sa parodie de « Quelqu’un m’a dit » de Carla Bruni, chanson interprétée dans sa version piano-voix-operette dramaticomique. Ici, c’est la petite révolution d’un seul homme, acteur talentueux, qui bouscule les spectateurs qui réagissent par le rire aux larmes, pour la plupart. Dans cette parodie, je vois à la fois le dramatique et le comique parce qu’il n’est bien entendu pas possible de ne pas rire en la voyant, mais qu’il y a quelque chose de vraiment très très intense qui reflète bien la situation du pays, comme ça, en 4 minutes de brio. Voici la performance :
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L’autre moment tendu de ces derniers temps, s’est déroulé en Italie à l’occasion du 150ème anniversaire de sa création, pendant la représentation du célèbre Nabucco de Giuseppe Verdi. En la présence de Berlusconi lui-même, l’assistance a réclamé un bis du « Va pensiero » (le choeur des esclaves) et le chef d’orchestre, sentant que cette demande émanait d’un public au comble de l’émotion et de la ferveur, a interrompu la représentation pour prononcer ces mots :
« Je n’ai plus 30 ans et j’ai vécu ma vie, mais en tant qu’Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j’ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j’acquiesce à votre demande de bis pour le « Va Pensiero » à nouveau. Ce n’est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait « O mon pays, beau et perdu », j’ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l’histoire de l’Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment « belle et perdue ».
[Applaudissements à tout rompre, y compris des artistes sur scène]
Muti : Depuis que règne par ici un « climat italien », moi, Muti, je me suis tu depuis de trop longues années. Je voudrais maintenant… nous devrions donner du sens à ce chant ; comme nous sommes dans notre Maison, le théatre de la capitale, et avec un Choeur qui a chanté magnifiquement, et qui est accompagné magnifiquement, si vous le voulez bien, je vous propose de vous joindre à nous pour chanter tous ensemble. »
Voici l’extrait, qui est, vous en conviendrez, d’une autre teneur que la prestation de Michèle Fau, que je salue malgré tout car j’ai bien failli pleurer tout court, sensible que je suis.
L’article entier consacré à cet événement de mars dernier est ici, sur AgoraVox.