Qui se cache derrière « www.laruellebleue.com » ?

Le blog La ruelle bleue donne l’impression dès qu’on y accède d’un « foisonnement ». On y est accueilli par Circé (wow..). Les goûts de la dame sont assez variés, et chacun pourra y trouver ce qui lui plait. Les commentaires sur les livres sont généralement assez riches, toujours porteurs de l’émotion ressentie à leur la lecture. Plus de 170 articles en un peu plus d’un an.. c’est ce qui s’appelle un beau travail ! Vous y trouverez rarement des chroniques concernant des lectures décevantes. Le but de ce blog est de partager des coups de coeur (plus gros mot clé du site), de rester dans le plaisir.

J’ai envie de lui dire tout de suite que ses avis ne sont pas « pompeux », et qu’il ne me plairait pas du tout qu’elle arrête son activité de blogueuse, mais adviendra ce qu’il doit. (hop, message passé).

 

Depuis quand bloggez-vous ?

La Ruelle bleue existe depuis le 1er avril 2010. Aujourd’hui, le blogue (j’ai adopté l’orthographe québécoise !) compte près de 170 articles, dont deux de mon jeune fils qui est également un grand lecteur ! Le rythme des publications s’est ralenti depuis mai dernier car je dispose de moins de temps libre mais j’essaie de maintenir 5 à 6 articles par mois sur la douzaine de livres lus. Je n’écris que sur ceux qui m’ont accrochée d’une façon ou d’une autre. Au tout début, je faisais part des lectures qui m’avaient déçue mais je ne le fais plus car ma motivation est surtout de donner envie de lire et d’exciter la curiosité. J’ai trop mauvaise conscience à l’idée de détourner un lecteur d’une œuvre, dont les qualités m’ échappent totalement, sur la seule base de mon avis subjectif et très personnel. Avant toute chose, je ne me considère pas comme critique. Je suis une ménagère de moins cinquante ans qui fait juste part de ses impressions de lecture.

Pourquoi blogger ? Quelle passion vous anime au point de vouloir la partager ?

A cette époque, j’étais dans une phase de transition professionnelle. J’avais quitté volontairement mon travail et voulais devenir libraire. Les reconversions professionnelles ne sont pas évidentes à gérer et je savais que j’en avais pour un moment avant de pouvoir, si la chance me souriait, trouver un nouvel emploi. Sans perspectives claires, il me fallait au moins un objectif pour me lever le matin, renforcer ma crédibilité en tant qu’aspirante libraire et répondre positivement à mon fils qui me demandait le soir ce que j’avais fait de ma journée… Comme j’aime beaucoup écrire m’est venue l’idée de prolonger mes lectures en rédaction d’articles mis à disposition sur internet. Le blogue est donc né d’un besoin très égocentrique. Le plaisir du partage est venu un peu plus tard, après avoir fait, virtuellement ou réellement, connaissance avec quelques personnes au contact desquelles se créait une sorte d’émulation. Le partage se fait donc plutôt « en coulisses » et en privé et pas forcément par le biais des fameux commentaires qui ne donnent souvent qu’une illusion de partage mais sans lesquels un blogue ne serait pas un blogue ! Je ne cours pas après la popularité et ne suis pas accro aux statistiques de fréquentation… L’important est de me sentir libre et d’écrire ce que j’ai envie, sans contraintes ni pressions d’aucune sorte.

Cela vous a-t-il permis de vous créer un réseau, des amis qui partagent la même passion que vous ?

Constituer un réseau n’était pas un but en soi. Mais il est vrai que j’ai été rapidement en contact avec d’autres blogueurs, des lecteurs, des attachés de communications, des bibliothécaires, des maisons d’éditions, des auteurs… Cela a élargi mes horizons et je pense que mes choix de lecture n’en ont été que plus riches. Certains échanges ou rencontres ont également été très forts en émotions ! Mais il y a eu aussi quelques désagréments, notamment le jour où un critique professionnel peu scrupuleux s’est servi d’un de mes articles pour faire sa propre chronique en oubliant de citer ses sources… Sur le plan professionnel, je n’ai pas réussi à me faire une place en librairie indépendante, du moins pas celle que je voulais. Cependant, j’ai été recrutée récemment pour monter la bibliothèque d’un village des Yvelines, et je pense que le blogue n’y est pas pour rien… Et c’est certainement aussi à lui que je dois ma sélection dans le jury du prix des lectrices de Elle 2012 !

Envisagez-vous d’arrêter un jour ?

Oui, bien sûr ! La gestion d’un blogue est très chronophage. Mais surtout, il m’arrive de me dire, « mais qui t’es, toi, pour émettre un avis que tu balances pompeusement à la cantonade ? ». Et quand j’entends ou je lis des éloges dans les médias à propos d’un livre que je n’ai pas aimé, cela me met le doute quant à mon discernement et ma légitimité. Il est finalement bien prétentieux de tenir un blogue littéraire et je pense que c’est ce motif, plutôt que celui du temps, qui me fera renoncer un jour.

Avez-vous déménagé votre blog ? Quelle plateforme préférez-vous ?

J’étais au départ sur Overblog. Puis j’ai eu envie de m’amuser un peu et de découvrir un nouvel outil informatique, alors je me suis lancée dans WordPress. Après trois mois de bidouillages et d’arrachages de cheveux (mais que de bons souvenirs parce que finalement c’est extrêmement ludique et créatif !), La Ruelle bleue a fait peau neuve en novembre dernier sous la forme d’un blogue magazine qui n’est pas parfait mais qui me ressemble beaucoup. C’est ce que je ressens mais c’est aussi ce qu’on m’a dit (des gens de la « vraie vie », pas des « virtuels » !) et je l’ai pris comme le plus beau compliment qu’on pouvait me faire…

Quels sont vos lieux culturels préférés ?

Je n’ai pas de lieux culturels de prédilection mais certaines pratiques : concerts, expositions, cinéma, théâtre… Mais le plus excitant, ce sont les visites de pays ou de capitales à l’étranger, des lieux culturels « grandeur nature ». Cet été, je suis allée à Budapest et à Berlin : que du bonheur !

Quels sont vos médias préférés ?

Internet avec ses qualités et ses défauts, mais sans lequel aujourd’hui je serais complètement désemparée, et la radio. Je regarde très peu la télévision et je ne lis qu’occasionnellement la presse, sauf professionnelle.

Quelles sont vos festivités culturelles favorites, ce qui vous fait vibrer une fois ou plus par an ?

Je n’ai pas à proprement parler de grands rendez-vous culturels annuels. Cela dépend de mes humeurs et des occasions offertes. Mais je n’aime pas la foule donc j’évite les grands festivals ou les grandes messes culturelles. Je suis allée cette année au Salon du livre et au Festival des Etonnants Voyageurs de Saint Malo, mais en fait, je ne m’y sens pas du tout à ma place…

Quels sont vos 5 monuments ?

Difficile de réduire des années de lectures et d’émotions à 5 monuments ! J’ai envie de citer des auteurs découverts dans ma jeunesse. Ces souvenirs de lecture sont aujourd’hui peut-être magnifiés mais ils sont précieux : Zola, Poe, Dumas père, Maupassant… Je me souviens douloureusement de « Vous verrez le ciel ouvert » de Gilbert Cesbron… Les Pearl Buck m’ont enchantée… J’ai avalé « les Rois maudits » de Druon lors d’un été qui aurait dû être mortel et qui en a été littéralement illuminé… Je relisais régulièrement « Tu seras un homme mon fils » de Kipling et j’en est été fortement imprégnée longtemps… « J’irai cracher sur vos tombes » de Vian m’a scotchée…Et Baudelaire m’a fascinée… La délicatesse de Zweig a été un merveilleux cadeau… et…, et…, et….impossible d’être exhaustive !

Mais évidemment, aujourd’hui encore, je me sens profondément touchée, voire ébranlée, par certaines lectures… C’est exactement ça que je recherche… Il faut me bousculer, me transporter ou me faire rêver pour me plaire ! D’où la phrase en exergue sur mon blogue et qui est extraite d’une lettre de Kafka : « Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire  (…)   Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois. »

Quel est votre top 10 des blogs ?

Evidemment, je vais vous répondre que je ne fais pas de classement ! Je n’en consulte pas tant que ça d’ailleurs. Mais dans mon cercle de proches blogueurs, je suis ravie de constater qu’ils sont en majorité de sexe masculin. Les hommes sont plutôt minoritaires dans la vaste blogosphère littéraire et dans le lectorat en général, plutôt féminin. Mais ils apportent un éclairage particulier et original, ils sont souvent exigeants et très pertinents et surtout, ils savent éviter la mièvrerie, le conformisme et les présentations formelles héritées d’un système scolaire mal digéré que l’on retrouve malheureusement trop souvent ailleurs ! Alors j’en profite pour saluer et recommander, sans ordre particulier : Polar noir et blanc, Mystère jazz, In Cold blog, Passion polar, Noirs desseins, Blogart (La Comtesse)… et pardon à tous ceux que je ne cite pas… Ah, encore un dernier, un blogue de filles pour les filles : Les jolies robes !
Votre passion, blog compris, vous prend combien de temps par semaine ?

Comme finalement j’en ai fait un métier et que cela occupe une grande partie de mes loisirs, je dirais que c’est pratiquement les deux tiers de mon temps actif !

Le maître mot de votre blog ?

Curiosité.

Son adresse..

http://www.laruellebleue.com

 

About Stéphanie Joly

D'abord critique littéraire dès 2004 pour le Journal de la Culture, puis pour la Presse littéraire. Collabore ensuite au Magazine des Livres, et à Boojum, l'animal littéraire en ligne. Tient un blog depuis 2003. Son nouveau site s'intitule désormais Paris-ci la Culture. Il parle de littérature, toujours, de cinéma, de théâtre, de musique, mais aussi de publicité, de séries TV. En bref : de Culture. Avec Paris-ci la Culture, la Culture a son divan, mais surtout, elle est relayée LIBREMENT. PILC Mag vient compléter le tout presque chaque mois : un magazine gratuit en ligne hébergé sur Calameo.