C’est la seconde fois que je me rends au Trianon (seulement ?? – et bien oui, puisque je ne suis de retour sur Paris que depuis 2 ans et demie). La première fois, c’était pour un excellent show assuré par Irma.
Ce 20 mars, j’allais enfin pouvoir constater par moi-même ce qu’est un concert de Caravan Palace. Le groupe vient de sortir son second album, Panic, disponible chez Wagram. Le groupe était au départ un trio, formé dans les années 2000. Estampillé « Electro Swing », on entend très clairement l’entrain électro, mais aussi d’autres influences plus larges (pour le moins) : jazz manouche, nouvelle Orléans des années 30… Autant de saveurs qui font de leur musique un mélange savant et audacieux, qui vous entraîne indéniablement.
La première partie d’abord : JUPITER
Jupiter est un trio. Ils fonctionnent presque uniquement sur un seul rythme. Ce groupe électro a un petit côté Rita Mitsouko parfois dans certaines sonorités instrumentales. Basse, claviers électroniques, boîte à rythme. Voilà à quoi se résume leur panoplie (ou presque.. mais j’y reviens). On coirait assister à une démonstration qui semble dire : nous allons vous prouver qu’on ne veut ni changer, ni quitter le XXème siècle. Mini jupe plissée dorée, baskets addidas vintage blanches (svp), ensemble en jeans.. le kitch à l’état pur. On est en plein dans les années 80.
Le groupe termine par Vox Populi, titre limite techno-funk.. on pense à Jean-Michel Jarre, Midnight express… mais le groupe ne prend pas le parti de la montée lente vers l’apogée d’une boucle, ne mise pas sur la force décuplée au fil d’un morceau. Ils attaquent d’emblée, et la puissance continue sur sa lancée, misant sur de petites variations que seuls les connaisseurs ressentiront.
C’est du kitch pur, et en même temps non : c’est régressif, c’est aussi faire un mix entre 80’s et futur, puisque le futur est inconnu, et qu’on ne sait pas à quoi il ressemble. C’est se bercer avec des structures que l’on connait en cherchant au fil d’un morceau à les faire évoluer vers un inconnu qu’on veut découvrir mais dont on a peur. C’est, par le même coup, faire des 80’s LE kitch parfait, alors que dans les années 80, le kitch avait déjà 20 ans. Avec Jupiter, le kitch actuel a 30 ans, et il est à nouveau actuel.
Là, tu te dis : bon sang.. les années 80, c’est ma jeunesse, et ces jeunes là s’éclatent dessus, se l’approprient, la réactualisent.. mmmh.. ça pique.
En avant première c’est bien. Sur le long terme : faut voir. Les membres de Jupiter, passant avant Caravan Palace, apparaissent comme un groupe qui a tout à apprendre de leur hôte : comme penser davantage à donner qu’à s’écouter.
CARAVAN PALACE !
Caravan Palace arrive ensuite et là, on se retrouve immédiatement dans une ambiance boîte de nuit. Pas moins de 15 instruments sont manipulés par 6 musiciens accompagnant une chanteuse qui, pour le coup, a une présence magique et ensorceleuse, mais qui n’est pas la reine du show. La véritable reine de cette soirée, c’est bien la musique.
Ces 7 là sont passionnés, et ça s’entend. Tout se met en place très très rapidement : rythmes endiablés, trombone à coulisse, guitare manouche, clarinette, violon, table de mixage, claviers électroniques, percussions, basse, contrebasse… tout ceci s’accorde copieusement et se mêle à la sueur des musiciens, parfaits et incroyables, plurisdisciplinaires, pluritalentueux. Une véritable magie à laquelle s’ajoute des voix sorties d’un autre siècle, surfant à loisir sur des octaves ultra variés. Zoé, la chanteuse, apparait et disparait miraculeusement, commence avec une longue robe noire, et finit en short veste-cravate, en ayant raccourci la première jupe entre-temps. Elle est ce plus qui apporte une énergie supplémentaire (comme si on en avait besoin !), et se démène joyeusement, et généreusement pour le bien du public. Certains morceaux sont cependant instrumentaux, des thèmes sur lesquels les musiciens déploient des trésors d’ingéniosité, variant entre dictée et impros pour le plaisir de tous.
Elle n’est pas la seule d’ailleurs, puisque l’un des musiciens, le roi des tablettes de mixage, descend la rejoindre à un moment pour une danse experte et très rétro qui impressionne toute la salle. On pense à Joséphine Baker, et un instant d’ailleurs on croirait presque voir la scène en noir et blanc. Quasiment d’un bout à l’autre, le sol du Trianon n’est qu’un tapis volant humain : il ondule au rythme des morceaux qui s’enchaînent. C’est une pure folie. Toute l’énergie se propage de la scène à la salle tout entière.
C’est que la musique est jouée avec passion, sincérité, et que les acteurs de ce concert-là se donnent entièrement à leur public, sans peur des fausses notes : ils s’amusent et nous invitent de surcroît à jouer avec eux. Pour les musiciens de Caravan Palace (et leur chanteuse), la musique est un don qu’il convient de transmettre au plus grand nombre. Ils ont raison, on a envie de leur rendre ce plaisir au centuple.
En résumé, un concert de Caravan Palace c’est un moment de pur bonheur, de générosité, où l’on peut écouter une musique chaleureuse et baroque qui ne laisse jamais place à la tristesse, toujours à l’amusement. Il faut voir et écouter Caravan Palace en live au moins une fois dans sa vie.
Check. 🙂
Leur site : http://www.wagramlabel.com/caravan_palace_2012/
* Bientôt, mon compte rendu du nouvel album !