La chaussure, une passion française !

 Le chaussure : cette inconnue ?

Je suis allée visiter l’exposition « La Chaussure, une passion française. Création et innovation depuis 150 ans », qui se tient sur deux étages dans le très bel atelier Richelieu dans le 2è arrondissement, organisée par la Fédération Française de la Chaussure.

La chaussure ? Hum, intéressant… Tout le monde en porte, chaque jour, mais finalement que sait-on de nos chaussures ? Pour ma part, j’aime m’y sentir confortable, je chausse du 41 (eh ouais, la Berthe!), j’ai quelques marques que j’affectionne et pour lesquelles je suis sûre de ne pas être déçue, mais finalement je n’y connais pas grand chose en chaussures. Je me suis dit que c’était une belle occasion de découvrir ce que j’enfilais chaque matin dans un ordre quasi religieux (la gauche d’abord, la droite ensuite), nouant mes deux lacets ou zipant mes deux fermetures éclair l’un après l’autre dans ce même ordre, gestes répétés un nombre incalculable de fois et pour lequel on peut même acquérir une certaine dextérité. Avez-vous déjà songé à ce plaisir du nouage de lacet ? Moi, j’adore.

Bref, l’exposition commence par une présentation de la conception de l’objet chaussure. On découvre sur des grands panneaux, des photos d’ateliers de fabriques de chaussures, on voit les ouvriers, les industriels, qui ont été observés et interrogés pour l’occasion, les machines et bien sûr les matières qui prennent forment au fil des différentes étapes de la conception. La fabrication de la chaussure est un savant mélange de techniques modernes comme la PAO, DAO, de mécanique, et de gestes précis, répétés et impossible à mécaniser.

De nos jours, il y a de plus en plus de délocalisation, mais la chaussure reste encore assez implantée en France. On peut voir sur un écran interactif les différents lieux de fabrication de la chaussure en France. La particularité de la chaussure c’est qu’il s’agit d’une construction en volume. Il y a alors une première conception à plat, puis ensuite une reconstruction des volumes, c’est un vrai savoir-faire. On peut voir les différents morceaux de cuirs qui doivent être assemblés, on peut voir et toucher les diverses pièces de construction. Bien sûr on nous présente de nombreuses chaussures, chaque type de chaussure ayant un nom. On passe ensuite dans une salle où l’on peut expérimenter en touchant les différentes matières. Les matières animales sont inégales, imparfaites, et vont par exemple des cuirs les plus rigides (boeuf) aux plus délicats (mouton) ou exotiques (lézard, autruche, requin), mais aussi le bois (les sabots, les talons), et aussi les textiles.

On nous présente une table avec les innovations ! Des sabots souples, des bottes en caoutchouc pliable, des palmes, des chaussures de ski, côte à côte la chaussure la plus petite et la plus grande de l’exposition.

Une autre table fait montre des chaussure écolos ! Celles qui sont en matière végétale, recyclable, en fibres naturelles..

On découvre différents types de semelles, et on peut en voir les moules, qui sont assez coûteux car en métal et il en faut beaucoup pour une entreprise de chaussure, les moules pour les chaussures à crampons.

On découvre que les chaussures à base d’imprimés sont très faciles à faire, car on part du tissus et on coule le caoutchouc, on « injecte la chaussure dans l’imprimé », hop ça c’est fait !

La salle suivante nous fait découvrir une chaussure pour chaque métier. La chaussure sert à protéger, chaque métier est régi par des normes très précises, mais le look reste aussi de mise. Dans certains métiers avec des conditions extrêmes, ils vont vouloir garder les « grosses bottes », pour les métiers de la santé le blanc reste symbole de pureté, de propreté, pour le bâtiment, ils vont être attachés au style baskets, et les encadrants dans les usines, mêmes si les mêmes matières spéciales doivent être présentes dans leurs chaussures, celles-ci vont ressembler à des mocassins. Cela peut être très pointu comme certaines chaussures de l’armée qui doivent tout à fait ajustées donc avec des lacets mais qu’on ne lasse qu’une fois, car elles doivent être enfilées très rapidement et c’est la fermeture éclair qui est manipulée au quotidien. Les gendarmes à moto sont chaussés sur mesure, dans le gardiennage on a le même genre de bottes que celles de l’armée alors que ce n’est pas du tout le même corps de métier, même dans la finance ça va être un uniforme même s’il n’y a pas besoin de protection particulière.

On arrive enfin au rayon enfant! On nous retrace un peu l’histoire de la chaussure et sa variation selon les temps. Effectivement, dans les années 50-60 la chaussure pour enfant était un peu corsetée, tout comme l’était l’éducation, il fallait que les chaussures soient rigides! Puis, on a évolué vers la souplesse et la couleur dans les années 70. Dans les années 80-90 c’était la technique qui comptait avec notamment le sportswear, et de nos jours, c’est les « chaussures jouets » avec tous les dérivés des dessins animés et autres personnages chouchoutés. En France, il y a une grande production de chaussure pour enfant, eh oui, on est dans un pays nataliste! Les industriels influent sur la production, mais il faut croire que l’élément culturel a son rôle a jouer aussi.

Ensuite, on découvre que beaucoup de chaussures sont spécifiques aux loisirs, mais ces loisirs nous viennent au départ des métiers. Des chaussures qu’on mettait sur les bateaux ont dérivés les sandales, puis les méduses.

Les sabots pour le jardin, sont devenue une mode. L’arrivée du caoutchouc a vraiment développé de nombreux types de chaussures pour une utilisation dans les loisirs. Les simples bottes en caoutchouc ont évolué soit pour le jardinage, pour la chasse ou pour l’équitation. Les espadrilles traditionnelles ont connu de très nombreuses déclinaisons.

On termine l’étage avec une salle vidéo pour les curieux et qui nous permet d’aller un peu plus loin encore. A ce propos, pour les aficionados, l’exposition compte deux journées de rencontres avec des professionnels. La première journée était le vendredi 26 octobre avec notamment l’histoire de Repetto, mais aussi des témoignages sur la création d’une marque de chaussure de femme dans le haut de gamme, ou encore sur le rôle des détaillants sur un marché atomisé! La seconde journée est demain, mercredi 31 octobre et vous pouvez écouter l’expérience de Eugène Riconneaus et Raymond Massaro, un duo de créateurs qui va à la rencontre de son public (à 12h), Jean-Pierre Renaudin et Alain Madec qui parleront des chaussures d’enfants (à 13h) et surtout, ne ratez pas Daniel Raufast qui parlera de Kickers, la naissance d’un mythe (à 15h). Renseignez-vous directement auprès de la Fédération Française de la chaussure (tel 01.44.71.71.71, email info@chaussuredefrance.com).

On monte à l’étage et on réalise alors que le rez-de-chaussée était assez didactique. Cette fois, on est parti pour s’amuser. C’est les chaussures de ville, on mélange toutes les modes, quelle variété sur le bitume !

Puis enfin, on arrive aux grands noms de la haute couture en matière de chaussure. Je découvre un métier : le bottier ! Il y en a très peu aujourd’hui en France, le bottier est celui qui fabrique la chaussure à la main du début à la fin et sur mesure s’il vous plaît. Aujourd’hui, le bottier collabore avec les grands couturiers pour l’aspect artistique et avec les industriels pour la technique. C’est un métier charnière. Les modèles sont aussi extravagants que les vêtements dans les défilés, effectivement les chaussures sont souvent créées à partir des tissus des robes de créateurs. J’apprends même que les pieds ont des particularités régionales! Et que c’est difficile pour les grands groupes de vendre dans le monde entier, car ils se basent sur des calculs compliqués de moyennes pour créer leurs modèles, mais les Asiatiques n’ont pas les mêmes pieds que les Européens ou les Américains.

Une des spécificités des stylistes, c’est le talon. Ah, l’art du talon, on n’imagine même pas ! Ca se voit à peine sur une chaussure, mais c’est finalement ce qui change le plus la silhouette d’une femme. Chaque forme de talon a un nom, certains peuvent être amusants, pensiez-vous qu’un talon pourrait s’appeler « guignol » ?

Un espace est dédié aux escarpins noirs. Evidemment, avec cet exercice de style en monochrome, on ne doute plus de la classe des escarpins, voyez vous-même !

Bien sûr, nombreuses sont les bottes, ainsi que les ballerines.

LA salle qui m’a le plus étonnée et amusée, c’est celle de la beauté intérieure! Et oui, la chaussure d’intérieur a son moment de gloire dans cette exposition ! Le chausson, ce qu’on met une fois qu’on est rentré chez nous, qu’on se pose et qu’on veut, quoi, juste du confort! Eh bien là aussi il y a une mode. Et on nous présente toutes ces variations ménagères de manière vraiment ludique.

Une des dernières salles présente les nouvelles entreprises qui se sont lancées dans l’industrie de la chaussure avec style et grand courage. Je citerai Tanya Heath qui propose des chaussures avec talons amovibles et donc interchangeables! Il faut des idées pour créer mais aussi de la technicité, car c’est aussi toute une machinerie de savoir ou distribuer, combien stocker etc.

Mais repartons sur l’élégance avec le théâtre des créateurs. C’est le lieu de toutes les inventions, de toutes les inspirations et c’est fascinant.

Chaque année, des jeunes gens se forment aux métiers de la chaussure à Paris et ailleurs, et l’ont peu voir que certains sont bien prometteurs, la chaussure a bon avenir !

Vous pouvez visiter (et d’ailleurs on vous le conseille !) le site de l’exposition www.chaussuredefrance.com ainsi que la page Facebook de la FFC.

 

 

About Stéphanie Joly

D'abord critique littéraire dès 2004 pour le Journal de la Culture, puis pour la Presse littéraire. Collabore ensuite au Magazine des Livres, et à Boojum, l'animal littéraire en ligne. Tient un blog depuis 2003. Son nouveau site s'intitule désormais Paris-ci la Culture. Il parle de littérature, toujours, de cinéma, de théâtre, de musique, mais aussi de publicité, de séries TV. En bref : de Culture. Avec Paris-ci la Culture, la Culture a son divan, mais surtout, elle est relayée LIBREMENT. PILC Mag vient compléter le tout presque chaque mois : un magazine gratuit en ligne hébergé sur Calameo.