Pierre-Alain Leleu, acteur principal et auteur de la pièce, a beaucoup relu Sade et a adapté ses écrits pour le théâtre. Il imagine le marquis au moment de son transfert à la prison de la Bastille en 1784. Habitué au confort de sa prison de Vincennes, il se retrouve dans une austère cellule, privé de son confort. Face à son garde, Lossinotte, il trouve un malin plaisir à s’affronter dès que l’occasion se présente.
Entre ces quatre murs, voilà l’occasion pour lui de divaguer sur ses thèmes de prédilection, le plaisir et la religion, comme sur des sujets universels tels la famille, la souffrance, les lois. Car si l’on prive l’homme de sa liberté de mouvement, il y a bien une chose dont on ne peut pas le priver, c’est sa liberté de penser.
L’auteur à l’œuvre si caractéristique de l’érotisme ne peut se passer d’une présence féminine. C’est sous une forme sortie de l’imagination de Sade qu’elle apparait pour lui donner la réplique, lire les lettres qu’il reçoit de son épouse et, au besoin, assouvir quelques pulsions. L’actrice, Dany Verrisimo, au demeurant très jolie, semble surtout être là pour éviter que la pièce ne se résume à un long monologue, mais son rôle n’apporte malheureusement pas grand-chose au texte.
Le texte, s’il ne manque pas d’intérêt, est plutôt complexe et l’on se perd souvent dans les longues tirades déclamées par Pierre-Alain Leleu. Le personnage religieux venant sermonner le prisonnier est un homme habillé en bonne sœur, robe noire fendue dévoilant un bas de dentelle noire. La référence à l’athéisme virulent de Sade est ainsi soulignée de façon plutôt amusante.
Blotti dans les gros fauteuils de la salle du Ciné XIII, cette séance de philosophie dans le boudoir est parfois indigeste, peut-être le théâtre n’est-il pas la forme idéale et le cadre de l’enfermement peu propice pour aborder la pensée de cet écrivain qui passa pourtant vingt sept ans de sa vie en prison.
D.A.F Marquis de Sade – texte de Pierre-Alain Leleu – mise en scène de Nicolas Briançon – Avec Dany Verissimo, Pierre-Alain Leleu, Michel Dussarat, Jacques Brunet – décors : Bastien Forestier – costumes : Michel Dussarat – lumière : Camille Urvoy – musique : Julien Dauplais.
Depuis le 9 janvier, le Ciné XIII Théâtre accueille la nouvelle mise en scène de Nicolas Briançon, D.A.F Marquis de Sade, jusqu’au premier mars.
Plutôt d’accord avec votre critique, le résultat est indigeste. Pour ma part, je pense qu’il y a un mauvais choix d’acteur pour le marquis, l’interprétation est clairement à côté de la plaque et aggrave un texte bien lourd.