Star Trek : into Darkness, de J.J. Abrams

Into the myth

 La chasse à l’homme vengeresse de James Kirk contre celui capable de faire effondrer les bases de la Fédération. Pourtant toutes ses certitudes et celles de ses proches vont vaciller quand les ennemis vont se démultiplier. A qui se fier ?

 Quatre ans après un premier épisode fort réussi censé relancer la saga, Abrams revient avec une suite encore plus ambitieuse sur le papier. Le but : toujours être capable de rassembler les aficionados de la première ère et une nouvelle génération trop jeune pour connaître les vieilles aventures des William Shatner, Leonard Nimoy et consorts. Série phare des seventies, Star Trek a connu un succès continu pendant près de trente ans et les nombreux spin off ont  fleuri après la légendaire série classique.

Cependant comment intéresser désormais le public plus friand des blockbusters super héroïques que des films de space-opera à l’ancienne. Abrams a répondu en partie à la question avec le premier volet, il continue de plus belle avec cet Into Darkness.

Ne nous trompons pas, Into Darkness n’est sans doute pas le chef d’œuvre néoclassique que certains se sont empressés de clamer haut et fort. Il n’empêche que l’on assiste tout du long à un généreux spectacle, à la narration trépidante (quoique parfois prévisible et quelque peu incohérente), commencée tambour battant par un plan d’ouverture aérien fort maîtrisé.

La grande force de l’entreprise d’Abrams réside dans son approche de la franchise ; il n’hésite pas à puiser aux sources mêmes de la série pour mieux la revitaliser. Une initiative fort proche de celle de Sam Mendes avec Skyfall. Les clins d’œil sont légion et Abrams se réfère sans cesse au deuxième film, La colère de Khan, considéré par beaucoup comme le meilleur de la saga. En outre, s’il cède par moments à la facilité, Abrams ne cesse de faire porter un lourd fardeau moral à ses protagonistes. Si le procédé s’avère simpliste, il permet d’impliquer au mieux les spectateurs. Le choix cornélien d’usage se substitue pourtant à un postulat psychologique des plus légers, les rebondissements surprenant à peine.

Non, la vraie force de la mise en scène d’Abrams se trouve dans la construction de l’espace. En effet à l’instar des westerns, les films de space opera impliquent généralement la découverte de vastes étendues, et invariablement des scènes à grand spectacle couplées à la démesure d’effets en extérieur. Si le film ne déroge pas à la règle, il est cependant intéressant de signaler qu’Abrams résout à chaque fois les enjeux d’envergure dans les confinements les plus improbables. Comme si microcosme et macrocosme étaient définitivement liés. La rixe finale se déroule sur un véhicule volant quand le monde s’écroule autour, chambre du réacteur à la dérive plus importante que les autres occupants du navire ou encore Spock isolé sur un îlot de roche tentant de changer le destin d’une planète. Abrams fait donc dans le spectaculaire de l’infiniment petit.

Si l’on ajoute un casting très efficace porté par le charisme magnétique de Benedict Cumberbatch, on découvre un produit d’une efficacité éprouvée.

 A  défaut donc de révolution, Abrams apporte non seulement à la saga mais aussi au genre une fraîcheur bienvenue. On attend désormais de pied ferme son regard sur l’autre mythe, la suite de Star Wars prévue d’ici deux ans. Authentique faiseur à défaut d’auteur, Abrams devient donc le digne successeur des cinéastes populaires d’antan.

 Film américain de J.J Abrams avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch. Durée 2h10. Sortie le 12 juin 2013

Article initialement paru dans PILC Mag n°15

About François Verstraete

François VERSTRAETE, cinéphile et grand amateur de pop culture