« Dehors, la nuit tombait
et personne n’était sorti la soutenir. »
Entrer dans L’Immeuble revient à vivre une expérience tout à fait paradoxale. Un immeuble est sensé ne pas bouger, être fixe et posé. L’Immeuble, lui, est tout le contraire. Il est tout ce qu’il y a de plus meuble. Tout y est mouvant. Les portes à sens unique autant que les bureaux aimant se dégourdir les jambes et les tronçons de couloirs disparaissants. Les toilettes autant que les dossiers, les sentiments et les employés, ainsi que toutes les règles qu’on y croise ou les logiques qu’on effleure. Pourtant, le narrateur nous les explique tout à fait minutieusement, une par une, ou trois par huit, dans un ordre ou un autre, histoire de nous donner toutes les clés pour entrer dans cet Immeuble rocambolesque.
« Afin de ne pas rester les bras croisés,
on a croisé les jambes. »
Bien sûr, tous les aspects du « lieu de travail » y sont abordés. Le Super comme paroxysme de la hiérarchie inaccessible au point de ne pas arriver à savoir si elle existe vraiment, les employés passant plus de temps à essayer d’accéder à la photocopieuse, aux toilettes ou aux étages qu’à se pencher sur un dossier de toute façon oublié, ou encore les bruits de couloirs aussi vivants que l’activité sexuelle de L’Immeuble qui déborde des canalisations et des réservoirs.
Une chose seule est sûre ici : personne ne peut douter que Mario Capasso soit Argentin.
L’Immeuble, de Mario CAPASSO
Editions La Dernière Goutte, 2012, 277 pages.