Dans Hôtel particulier, tout commence par le suicide d’une jeune femme qui se rendra bientôt compte qu’elle possède depuis sa mort le pouvoir de traverser les murs. Elle va donc en profiter, un peu étonnée d’abord, puis très vite curieuse pour accompagner un chat complice, mais bien vivant lui, au sein de cet Hôtel particulier chargé de mystères à tous les étages.
Dans cet étrange endroit où vient de se dérouler un suicide, on trouve un couple adultère assez pervers pour savoir que le mari est dans le placard à les épier, ce qui pimente leur relation ; on trouve un homme tout-à-fait sadien, ventripotent, libidineux, avec une barbichette de diable, capable de faire surgir les personnages de n’importe quel livre, et surtout des femmes et de somptueux buffets dont le vin n’est jamais totalement écoulé.
On découvre également une pièce secrète, qui a le pouvoir machiavélique d’enfermer à tout jamais l’hôte qui en trouvera la porte, comme cette enfant que ses parents finissent par abandonner sans le savoir…
Ce roman graphique est déjà particulièrement riche et fantastique. Il fallait donc y ajouter la violence, l’attente et l’amour nécessaires à sa perfection.
Guillaume Sorel ne faillit pas à cette mission, en racontant l’épouvantable combat entre une vieille dame et les chats du quartier : complice, malin et sympathique, un chat peut se révéler aussi cruel que l’homme. Puis il y a cette histoire d’amour qui semble totalement impossible, entre un peintre accablé par la pauvreté, harcelé par les huissiers, et la défunte Ophélie. L’histoire, pour autant, n’est pas achevée, et l’on raconte que bien des rumeurs traverseront ces murs endeuillés.
Avec un dessin très soigné en noir et blanc, Guillaume Sorel nous emmène dans sa fable poétique pour y découvrir un monde sensible. Un ouvrage que l’on serait tenté d’ouvrir à nouveau une fois sa lecture terminée, et qui vous hante… pendant des semaines entières.
Hôtel particulier, Guillaume Sorel, Casterman, 104 pages, mai 2013, 17 €