Dominique Paravel saisit ainsi une poignée de personnages paradoxalement un peu énigmatiques, mais dont elle nous présente la plus intime facette.
«Cette image de la rue Pareille c’est moi qui l’ai réalisée. L’artiste, c’est moi. Les visiteurs s’en vont, remplacés par d’autres, un mouvement incessant qui se répète selon le même rituel.»
Au milieu il y a cette artiste qui fige le théâtre de toutes ces vies en une seule image, pétrifie une misère qui se réalise et s’épanouit chaque jour davantage. Seule l’exposition deviendra le point d’orgue d’une ville qui s’observe et s’abandonne au jeu des miroirs.
Il y a pourtant cet espace tissé par l’auteur, dédié au jeu des regards qui se croisent, s’observent, se cherchent : c’est un homme derrière sa fenêtre, observant sa voisine d’en face. C’est un autre qui perçoit la présence énigmatique d’une femme gantée de rouge : il ignore tout d’elle, nous saurons tout de sa présence et des conséquences qu’elle-même ignorera.
Dominique Paravel analyse cette petite bourgade au travers d’individus, de phénomènes sociaux, et pour finir au fil du temps, remontant les siècles avec méthode. Ou comment comprendre par quels mécanismes un lieu est devenu ce qu’il est, et comment des familles se sont construites au fil des générations. Une premier roman efficace qui sait laisser une belle place aux interrogations et au mystère.
Uniques, Dominique Paravel, Serge Safran Editeur, Aout 2013, 170 pages, 15 €