Y a t’il un pilote dans le vaisseau ?
Dans le futur, l’équipage du vaisseau Dark Star est chargé d’isoler les planètes susceptibles de déclencher des supernovas et de les détruire. Après vingt années routinières et un ennui certain, un orage électromagnétique dérègle bombe et ordinateur. Le début d’une belle panique…
« J’avais fait une comédie et personne n’avait ri. Je me suis dit que si je n’arrivais pas à les faire rire, peut être alors que je pourrais les faire hurler ». Tels sont les propos de Dan O’Bannon co-scénariste de Dark Star avec le réalisateur John Carpenter. Force est de constater que ce film de fin d’études fit non seulement un four mais n’était absolument pas en adéquation avec l’humour local de l’époque. Malgré cet échec O’Bannon changea de fusil d’épaule quelques années plus tard et fit effectivement hurler les spectateurs en écrivant le scénario d’un certain Alien…
Pour en revenir à Dark Star, il marque le début de l’épopée cinématographique de John Carpenter. Bien que considéré comme un cinéaste de série B, le trublion s’est affirmé pendant près de trente ans comme une figure majeure du cinéma de genre. Quand il débute ses héros sont Howard Hawks et John Ford, et bon nombre de scènes clins d’œil aux maîtres émaillent sa filmographie. L’attrait du style de Carpenter réside dans le classicisme de sa mise en scène, la maîtrise de ses expositions et ses personnages hauts en couleurs. Au total plusieurs de ses films demeurent encore aujourd’hui comme des références du genre de The Thing à New York 1997.
Si Dark Star possède de nombreux défauts des films de fin d’étude ( budget léger, maladresses notables de l’aspect général) , on peut d’ores et déjà dénoter certains thèmes qui feront la force du cinéaste des années plus tard. La claustrophobie ambiante est précurseur de celle de The Thing, New York 1997 ou encore Prince of Darkness. Si les références à 2001 de Stanley Kubrick sont nombreuses ( l’ordinateur devient fou ici aussi) elles sont en revanche saupoudrées d’un humour caustique que l’on peut aussi bien trouver ravageur qu’agaçant. La scène de l’ascenseur en est le plus bel exemple, difficile de rire de la situations tant elle paraît grotesque ; pourtant il suffira de modifier le ton pour qu’O’Bannon accouche d’Alien et Carpenter de The Thing.
Dark Star sonne le glas d’une époque, annonce une autre façon de concevoir la science-fiction avec son équipage hippie et son visuel de bric et de broc. Ovni furieusement daté, il pose pourtant les fondations d’une œuvre singulière qui a marqué le cinéma de genre.
Film américain de John Carpenter avec Brian Narelle, Cal Kuniholm, Dre Pahich. Durée 1h23. Sortie Dvd Blu Ray 22 janvier 2014 aux éditions Carlotta.