Le soldat de l’hiver
Le déclin de l’empire américain
Devenu agent du SHIELD suite aux événements survenus dans Avengers, Captain America va se retrouver confronté à une conspiration inimaginable qui fera vaciller ses certitudes.
Depuis 2008 et Iron Man de Jon Favreau, Marvel Studios continue d’abreuver les écrans avec les héros de leur line-up Avengers. Au final on se retrouve avec des résultats variés, avec une licence Thor en deçà, un Iron Man vitalisé par Robert Downey Junior et un Avengers époustouflant transcendé par Joss Wheddon. Pour Captain America, les choses sont légèrement différentes. Le personnage d’origine est de prime abord complétement inintéressant, plus lisse encore que le Superman de la maison d’éditions rivale. Pourtant, la bande dessinée a connu des changements radicaux depuis 1941 et le héros de papier censé remonter le moral des troupes est devenu progressivement le défenseur du peuple américain plutôt que des valeurs prônées Made in Us.
Sur grand écran, le premier volet a connu une certaine réussite, avec un Joss Wheddon qui, bien que non crédité au scénario a largement contribué au succès de ce film de guerre mâtiné d’aventure pulps. Avec ce second volet, le film de guerre fait place ici à un film d’espionnage survitaminé, où les exploits du first avenger feraient pâlir James Bond.
Si l’histoire d’origine d’Ed Brubaker et son arc Winter Soldier sont bien à l’origine de ces nouvelles péripéties, il faut remonter aux années quatre-vingt pour bien appréhender les enjeux présents. A l’époque, le scénariste Steve Englehart avait remis en question toutes les croyances de notre héros, mettant en doute sa foi dans le gouvernement américain. Pour la première fois Steve Rogers cessait d’espérer dans la fausse probité d’un système de plus en plus corrompu.
Avec ce nouvel Opus, les frères Russo enclenchent un processus similaire, et par là même tiennent un discours quelque peu subversif pour un film de ce type. Bien entendu, il ne faut pas s’attendre à du Coppola ou du Michael Mann dans le discours même si l’intention est louable. L’action quelque peu décousue à l’instar du dernier Thor contraste nettement avec le premier volet, et le rythme trépidant nuit quelque peu à la cohésion d’ensemble. Tout va trop vite et l’overdose guette en particulier lors du climax final. Pourtant, la scène d’évasion du building du SHIELD vaut le détour et devient un morceau de bravoure instantané fort réussi surtout après Iron Man 3 et Thor 2 qui peinaient sur ce point.
Toujours dans la volonté de ratifier un public plus large, Marvel s’est attaché les services de Robert Redford dont l’interprétation indolore ne laisserait pas un souvenir impérissable. En revanche bonne note pour Chris Evans qui depuis Snowpiercer a fait du chemin.
Mais surtout, l’univers du studio continue à prendre forme et c’est bien là le principal. A l’image des aventures sur papier, les scénaristes et Wheddon en tête ont une idée derrière la tête planifiée depuis longtemps. Après le temps des origines, voici depuis Avengers celui de « l’indépendance »… Une raison à elle seule suffisante pour voir ce qui se fait de mieux en matière de film pop-corn à l’heure actuelle.
Film américain de Joe et Anthony Russo, avec Chris Evans, Scarlet Johansson, Robert Redford et Sebastia Stan. Durée 2h08. Sortie le 26 mars 2014