Clément est un parisien qui considère qu’au delà du périphérique se trouve la province. Professeur de philosophie, il sera muté pendant une année (qui pourrait se transformer en éternité) à Arras, un endroit qui bien sûr lui paraît ennuyeux, dépeuplé et vide. C’est pourtant dans cette ville qu’il fait la connaissance de Jennifer, une coiffeuse pétillante incarnée par Emilie Dequenne, parfaite dans le rôle de cette mère d’un petit garçon, qui s’évertue à colorer la vie.
Dans un couple, est-ce qu’il y en a forcément un qui aime plus que l’autre ?
Au début, il s’agit de se divertir, d’échapper à une condition qui ne lui convient pas. Clément consacre ses soirées à Arras à Jennifer, qui bientôt va lui reprocher de ne pas lui consacrer également ses week-ends : il préfère de loin retrouver sa vie parisienne, sa bibliothèque somptueuse et les boîtes branchées de Saint-Germain des Prés. La vie de Jennifer, qui a un moment repoussé les avances de Clément, devient l’absence de l’être aimé. Pour autant, rien ne pourrait lui enlever cette gaité qui est la sienne, ni ses soirées entre copines au goût de karaoké et de robes à paillettes.
C’est ainsi qu’on découvre tour à tour deux personnages qui vont évoluer trois jours par semaine ensemble, et quatre jour l’un sans l’autre. Rien ne permet de croire à un dénouement plus heureux ou plus triste qu’un autre, excepté le sentiment indéniable que la relation deviendra plus difficile à mesure que l’amour s’installera.
La liberté avant tout
Ce film pourrait être celui de la liberté. Clément est un personnage qui enseigne cette notion : liberté de penser, liberté d’aimer ou non. C’est ce qui rythme sa vie et qui pourtant le retient de vivre tout à fait. Jennifer, elle, ne s’encombre de rien : elle a un fils, un métier, des amies, et même un amour qu’elle arrive à concilier, pour lesquels elle parvient à se partager.Tout peut devenir une source potentielle de bonheur. La fin du film nous enseignera à quelle point ce désir de liberté peut être puissant, à l’image de cette adaptation dans laquelle on sent davantage les personnages que l’histoire.
Et c’est aussi cela, le liberté de ce film, puisque Lucas Belvaux s’est emparé finalement d’une histoire qui sert de toile de fond à deux personnages magnifiques et denses, aussi denses que le jeu d’acteurs d’Emilie Dequenne et Loïc Corbery, qui réalisent une très belle prestation dans ce film. L’ombre et la lumière réunies à l’aube d’une explosion inattendue.
Dans ce couple, le plus libre n’est pas celui que l’on croit. Il y a toute une dimension philosophique autour du sentiment amoureux, de la possession, de la fugacité du bonheur qui ne peut jamais durer éternellement.
PAS SON GENRE, un film de Lucas Belvaux
Sortie le 30 avril 2014.