Palo Alto, de Gia Coppola

Génération perdue…

Le quotidien d’adolescents en quête de leur propre identité, au cœur d’une banlieue chic californienne.

 Il serait aisé de s’attarder sur les origines de la réalisatrice et d’y voir une certaine complaisance eu égard à sa famille omniprésente dans le milieu. Les plus mauvaises langues argueront que son grand-père et sa tante sont pour beaucoup pour cette première mise en scène. Pourtant ce serait éminemment réducteur de s’attacher uniquement à cet aspect et il est parfois stérile de rendre un jugement à l’aveugle dans ces circonstances.

Adapté d’un recueil de nouvelles de James Franco, Palo Alto pourrait n’être qu’une chronique adolescente désabusée supplémentaire. Après Sofia Coppola, Gus Van Sant ou encore Larry Clark, Gia Coppola s’attaque au mal-être de la jeunesse bourgeoise américaine, piégée dans le cercle quelque peu frelaté : sexe, drogue et rock’n roll. Pourtant en suivant le parcours de Teddy, Fred ou April, on s’attache peu à peu à ces âmes perdues comme les adultes, en quête de repères et d’une place dans la société. Une place impossible à déterminer comme le prouve le dialogue incongru d’ouverture entre Teddy et Fred ou encore la visite inepte d’April à la conseillère d’orientation. Quant aux adultes, ils sont eux-mêmes incapables d’apporter des réponses à leur progéniture, James Franco en éducateur malavisé et Val Kilmer en beau-père hippie en sont le plus bel exemple.

 Qu’ils soient artistes, sportifs ou seulement provocateurs, les héros de Gia Coppola ne laissent jamais indifférents, le regard de la cinéaste teinté de mélancolie douce-amère peignant au plus juste leurs déboires et leurs doutes. Si Francis Ford Coppola parlait d’unité familiale et Sofia Coppola de déstructuration familiale, Gia Coppola parle plutôt d’absence de cadre familial, son histoire personnelle jouant beaucoup dans cette optique. Si la forme rappelle justement Gus Van Sant, de par la poésie des images, le fond cru et destructeur fait l’écho plutôt de Larry Clark ; un mélange détonant, singulier et pourtant très efficace pour retranscrire les mots de James Franco. A cela s’ajoute la présence charismatique de Jack Kilmer, ce dernier transfigure les scènes dans lesquelles il apparaît.

Sans révolutionner le propos ni la forme, Gia Coppola signe ici une chronique qui sonne juste et surtout le glas à une insouciance révolue.

Film américain de Gia Coppola. Avec Emma Roberts, Jack Kilmer, James Franco, Natt Wolff. Durée 1h40. Sortie le 11 juin 2014

About François Verstraete

François VERSTRAETE, cinéphile et grand amateur de pop culture