Voici le dernier roman de Joy Sorman. La Peau de l’ours succède directement à Comme une bête. De là à penser que l’auteur est obsédée par le rapport homme-animal, il n’y a qu’un pas. D’autant qu’elle raconte ici, avec une certaine empathie, la vie d’un être pas tout à fait comme les autres : il est issu d’un viol d’une femme par un ours.
Elle imagine donc sa vie de sa naissance à sa mort, sans oublier la genèse de sa création, profane. La bête est d’abord vendue à une foire aux monstres, puis à un cirque, pour finir bien évidemment dans un zoo.
L’originalité du personnage de Joy Sorman est qu’il passe par tous les supplices que peuvent subir les animaux, mais qu’il semble pouvoir analyser ou du moins étudier ses tortionnaires et leur comportement. Du fond de sa cage, c’est lui qui observe quand on croit le donner en pâture aux curieux. Aussi, il n’agit bien évidemment pas comme on l’attend, puisqu’il n’est pas tout à fait un animal. Lui manquent la docilité, l’indulgence et l’envie de jouer.
Le sujet de Joy Sorman est excellent, et avec La Peau de l’ours, elle s’approche davantage de certaines vérités qui concernent l’animal, l’humain aussi. Le livre apparaît moins torturé que le précédent. On lui reconnait là encore une certaine satisfaction à décrire l’horreur et la torture, avec une langue soignée, impeccable. On recommande.
La peau de l’ours, Joy Sorman, Gallimard, Aout 2014, 160 pages, 16,50 €