Voilà un huis-clos bien intéressant. D’abord, parce qu’il en existe peu désormais dans la littérature francophone, ensuite parce qu’il est porté par un personnage qui attire l’attention.
Madame Diogène, c’est son nom, a quelque chose de Bernadette Bernardin (lire Les catilinaires, d’Amélie Nothomb). Elle donne à ce petit roman peu commun l’allure d’une fable tragique, bien que tout, absolument tout relève dans cette histoire d’un drame ordinaire. Si l’on était chez Guillaume Sorel, on s’attendrait à voir surgir un monstre, ou une sirène suspendue au lustre empoussiéré. L’histoire, c’est celle de cette femme qui ère seule dans son appartement à la recherche de quelque chose qui lui échappe, et qui nous échappe également. Elle est de ces personnes qui cherchent encore sans savoir ce qu’elles cherchent, par désespoir ou grande détresse, lorgnant un dernier rayon de soleil, tapies dans l’ombre, leur refuge.
Aurélien Delsaux sublime cette détresse ordinaire que l’on ne sait plus voir ni comprendre, et d’une main de maître nous entraîne au coeur d’un feu auquel on n’aurait pu s’attendre.
Madame Diogène, Aurélien Delsaux, Aout 2014, 144 pages, 13,50 €
Ma compagnie L’Arbre a porté le roman à la scène.
Ce sera du 24 août au 8 octobre 2016, à 19h, les mercredis, jeudis, vendredis, samedis à la Manufacture des Abbesses dans le 18ème à Paris.
Au plaisir de vous y voir.