Koursk, de Nicolas Pontic

Ce sont les russes qui ont battu les nazis

 L’historiographie occidentale de la seconde guerre mondiale est largement obnubilée par le débarquement américain en Normandie de juin 1944 et a longtemps oublié les combats livrés par les soviétiques face aux nazis (les récentes commémorations du 8 mai ont permis de mesurer ce hiatus). Or, c’est l’armée rouge qui a cassé l’élan de la Wehrmacht (une des meilleures armées de l’histoire militaire occidentale du vingtième siècle, avec l’armée rouge justement et… L’armée française de la première guerre mondiale) à Stalingrad et à Koursk. Le livre de Nicolas Pontic permet de mesurer le caractère décisif de l’évènement, tout en le remettant à distance historique raisonnable.

 Avant Koursk, la Wehrmacht n’avait pas perdu

 Un des mérites du livre est de souligner que le IIIième  Reich sut relever le défi de la défaite de Stalingrad (300 000 soldats allemands tués ou faits prisonniers, sans compter les soldats alliés et le matériel) en reformant ses effectifs tout en essayant de nouveaux modèles de chars (le Tiger particulièrement). Un des problèmes principaux de l’armée allemande est Hitler lui-même et ses plans souvent irréalistes. A contrario, Staline a appris à faire confiance à ses généraux, comme Joukov ou Rokossovski. Les stratèges soviétiques ont appris des défaites antérieures (surtout en 1941) et bénéficient aussi de l’aide des alliés anglo-saxons: l’importance du matériel américain, tant au niveau terrestre (camions, jeeps) qu’aérien dans la victoire finale est primordiale.

 Le tournant de la guerre ?

 Dans cette bataille, les nazis lancent leur va-tout, tant au niveau matériel que stratégique : réduire le saillant de Koursk leur ouvrirait à nouveau la route de Moscou, à un moment où les alliés italiens et hongrois doutent. La résistance des soldats soviétiques, la qualité du commandement réduisit leurs espoirs à néant, malgré les talents de Von Manstein et de Model. Au même moment, les alliés occidentaux débarquèrent en Sicile, provoquant des mouvements de divisions blindées nazies vers l’ouest au moment où les soviétiques lançaient leur contre-offensive. Le résultat fut radical : la défaite.

 Sans avoir l’expertise géostratégique d’un Jean Lopez, Nicolas Pontic réussit à nous faire vibrer aux minutes de cette bataille qui contribua à engendrer le monde actuel. Vivant, bien documenté, ce récit de la bataille de Koursk ravira les amateurs de l’histoire de la seconde guerre mondiale.

 Sylvain Bonnet

Nicolas Pontic, Koursk, Taillandier, ISBN 979-10-210-0167-1, mai 2015, 300 pages, 20,90 €

About Sylvain Bonnet

Spécialiste en romans noirs et ouvrages d'Histoire, auteur de nouvelles et collaborateur de Boojum et ActuSF.