Au premier abord un sujet abscons
Spécialiste de l’histoire du judaïsme, Stéphane Encel a déjà publié une synthèse sur les hébreux en 2009. Il propose ici une réflexion sur Josué, le successeur de Moïse et conquérant du pays de Canaan, à qui la Bible consacre un livre. Autant dire que, pour le grand public détaché de la religion, c’est de l’hébreu comme dirait ma grand-mère ! Reste que, on va le voir, le personnage de Josué se situe au centre de controverses religieuses et politiques très modernes.
Trois noms pour un conquérant
Serviteur de Moïse, Josué s’est d’abord appelé Hoshéa. C’est au moment de son départ pour l’exploration de Canaan que Moïse le renomme Josué. En hébreu antique, Josué se prononce Yeoshua comme…Jésus (d’où une certaine popularité auprès des premiers auteurs chrétiens). Josué va donc prendre la succession du prophète pour conquérir Canaan, suivant ainsi la volonté de Yahvé. On commence tout d’abord par la ville de Jéricho où les futurs hébreux bénéficient de la complicité d’une aubergiste – également prostituée – nommée Rahab. Jéricho, c’est l’histoire des trompettes avec les murailles qui s’écroulent, du massacre de ses habitants, à l’exception de Rahab et de son clan. Josué mène son peuple à la victoire, bat les peuples déjà présents : c’est là que la polémique contemporaine s’empare d’un sujet biblique
Le premier génocide ?
L’injonction de Yahvé au massacre des cananéens choque aujourd’hui. En 1991, c’est ce qui poussa l’abbé Pierre à tenir des propos controversés, renvoyant l’Israël d’aujourd’hui à son passé biblique. Or, Stéphane Encel montre très bien combien le texte biblique est à prendre avec circonspection. Ecrit des siècles après les évènements racontés, le livre de Josué raconte une guerre. Il montre aussi que le dieu des hébreux accepte l’hommage rendu par Rahab et les siens, c’est-à-dire des non juifs : une préfiguration en somme de l’universalisme chrétien ? De plus, les auteurs du livre de Josué avaient aussi bien en tête la diversité de peuplement du pays qu’ils habitaient, preuve qu’il n’y avait pas eu extermination. Sans compter la présence des gabaonites, qui se sont soumis à la puissance de Yahvé selon le texte. Enfin, les découvertes archéologiques tendent à démontrer qu’il n’y a pas eu conquête violente.
Le livre de Josué (un des dix neuf preux du Moyen-âge) est un texte rempli de symboles, non un livre historique, qui s’est cependant prêté à des exploitations politiques loin de la foi. Voici en tout cas un remarquable ouvrage qui mérite d’être lu.
Sylvain Bonnet
Stéphane Encel, Josué, Tallandier, août 2015, ISBN 979-10-210-0631-7, 304 pages, 20,90 €
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