Le retour d’un émigré irlandais au pays : Après des années passées à New York, Barnabas Kane retrouve le Donegal en 1945 et s’installe sur une ferme avec sa femme et son fils. Mais l’incendie, accidentel ou criminel, qui ravage son étable, tuant un ouvrier et décimant son bétail, met un frein à ce nouveau départ. Confronté à l’hostilité et à la rancœur d’une communauté qui l’accuse d’avoir tué l’un des leurs, il devient un étranger sur son propre sol. Confiné sur cette terre ingrate où l’inflexibilité des hommes le dispute à celle de la nature, Barnabas Kane va devoir choisir à quel monde il appartient.
Le livre de Paul Lynch commence par un événement tragique : c’est à une véritable scène d’enfer à laquelle on assiste d’emblée. Inutile de tenter de faire durer le suspens, le premier chapitre étant synonyme de mort. Pour le reste de l’histoire, il laissera le goût amer des cendres, et l’idée omniprésente qu’un danger plus grand guette encore cette petite famille de fermiers installée dans le Donegal irlandais.
Le personnage de Barnabas, anti-héros buté et coriace, tendre et maladroit, nous emmène avec lui et sa famille au coeur d’une histoire tourmentée. Chacun va être malmené par des événements obscurs et inattendus dont les rouages s’emboiteront à l’insu des personnages. Le plus troublant est peut-être que jusqu’au bout, on ne sait à qui se fier ni d’où vient vraiment la menace que l’on sent pourtant planer depuis le début, la scène d’introduction ayant meurtri notre chair de lecteur comme un mauvais présage. C’est ainsi que nous allons traverser les paysages d’une Irlande parfois intolérante, parfois solidaire, presque toujours hostile.
Les tourments endurés par la famille de Barnabas viennent-ils vraiment de ce rapport de force établi tacitement par un exil puis un retour mal perçus par les gens du Donegal ? Pour les habitants de la région, un Irlandais qui parle devient un étranger. S’il revient, il le reste. Cette peur et cette hostilité étant établies, très ressenties, de là viendra-t-il le danger ? La terre d’Irlande étant une terre pleine de mystère, rien n’est moins sûr.
Un livre et des personnages bouleversants, qui hantent longtemps le lecteur. Une de mes meilleures découvertes de 2015. Et une belle raison d’aller découvrir prochainement l’histoire de Un ciel rouge, le matin, du même auteur.
Merci à Cryssilda de m’avoir prêté ce roman, que j’ai donc découvert grâce à elle !
Je pense à la médiathèque demain! J’espère pouvoir le trouver.