Sexe, drogue et bitume
Le parcours autodestructeur d’un couple de toxicomanes au cœur de New York.
Harley aime Ylia, déraisonnablement. Ce dernier la rejette, lassé de leur relation. Dans un ultime effort pour le reconquérir, elle tente de commettre l’irréparable. Les plaies seront aussi dures à panser que de survivre au cœur d’un quotidien d’immondices.
De Martin Scorsese à Amos Kollek, plusieurs cinéastes ont dépeint la réalité peu reluisante qui jonche les rues de la cité de la « Grande Pomme ». Pourtant, les frères Safdie tirent leur épingle du jeu en offrant une descente aux enfers anxiogène à son héroïne, incarnée par une amatrice, Arielle Holmes qui offre une composition de haute volée. C’est d’ailleurs une adaptation de l’autobiographie de cette dernière que les deux cinéastes portent à l’écran.
Ils en profitent pour filmer New York de manière abrupte, aride livrant un poème de l’asphalte où les vers se forgent dans le béton. Rythmé par une bande son remarquable, le long-métrage ne nous épargne rien du calvaire des protagonistes condamnés à briser leur dose de désespoir au jour le jour sans échappatoire possible. Pourtant nulle apologie de ces anti-héros de l’ordinaire : on peine à éprouver une quelconque sympathie face à leur comportement nihiliste et immoral. Il faut surtout constater, regarder le calvaire de ces laissés pour compte au cœur d’une des villes les plus riches du monde.
Et il y a Arielle Holmes, tantôt troublante, tantôt détestable, très loin des clichés de la demoiselle en détresse et pourtant tellement proche du gouffre. Chaque parole, chaque acte l’entraîne un peu plus vers le néant, sa recherche de la souffrance assouvie par son entourage plongé dans le même enfer. Et c’est parce que les réalisateurs n’édulcorent rien et qu’ils ne nous épargnent rien, préférant rempiler du calvaire qu’ils atteignent leur objectif.
Mad Love in New York est plus qu’une croisade vers la déchéance mais bel et bien un quasi documentaire sur ce qu’endure une jeunesse en désarroi. Portée par une égérie peu commune le film fait mouche autant qu’il peut agacer par moments.
Film américain de Ben et Josh Safdie avec Arielle Holmes, Caleb Landry Jones, Buddy Duress. Durée 1h37. Sortie le 3 février2016
Il passe dans peu de salles Je l’ai vu aussi, et je ne regrette pas, mais il m’a manqué un petit quelque chose pour être embarquée par les frères Safdie.