Zone d’ombre de l’histoire…
Cet ouvrage se propose de revenir sur un épisode complètement oublié par l’historiographie française et européenne consacré au Premier Empire : l’occupation et la répression menée par la France en Calabre en 1806-1807. Nicolas Cadet se penche ici sur ce moment ou insurrection et contre insurrection se succèdent et qui, selon lui, annonce la guerre d’Espagne et ses atrocités.
La Calabre, une terre sévère
Nicolas Cadet retrace avec précision l’histoire de cette terre lointaine aux yeux des français du début du 19ième siècle marqués par les Lumières et la Révolution. Les calabrais ont subi nombre d’apports migratoires et culturels au cours des siècles (dont une forte influence grecque et orthodoxe). Catholiques fervents, la structure sociale est marquée par le clanisme. Au 18ième siècle, ils sont décrits par nombre de voyageurs comme des « sauvages de l’Europe » et résistent ainsi aux réformes « éclairées » de certains rois de Naples. Lorsque les français de Championnet arrivent en 1799, les calabrais contribuent à leur échec. Six ans plus tard, les français reviennent, avec Joseph Bonaparte, et la Calabre s’embrasent à nouveau.
Un signe annonciateur des limites de l’entreprise napoléonienne
En Calabre, l’armée du Premier Empire doit faire face à une population mobilisée, soutenue par les Anglais de l’escadre de Sydney Smith. En fait, la surprise est de voir ici les français triompher (après des revers, dont un infligé par les fantassins anglais et que Napoléon aurait dû méditer…) au final, après maintes exactions de part et d’autres. Ici, il est intéressant de noter la diabolisation de l’autre dans les deux camps (et son cortège d’exactions) qui annonce effectivement la guerre d’Espagne. Voici donc une très bonne synthèse sur un sujet largement inconnu : à lire !
Sylvain Bonnet
Nicolas Cadet, Honneur et violences militaires au temps de Napoléon, éditions Vendémiaire, janvier 2015, 448 pages, 24 €
