Dans les forêts de Sibérie est une adaptation libre du livre de Sylvain Tesson par le réalisateur Safy Nebbou avec Raphaël Personnaz et Evgueni Sidikhine. Je vous laisse tout d’abord découvrir la bande annonce :
On peut réellement parler d’adaptation libre, car de l’écrivain voyageur que l’on découvrait dans les pages de l’auteur, amoureux de la littérature et déjà grand aventurier, il ne reste pratiquement rien, si ce n’est cette impulsion qui le pousse un jour à aller vivre quelques mois dans une cabane en bois nichée au bord du lac baïkal. En d’autres termes, que ceux qui s’avancent à l’entrée du cinéma pour revivre ce que l’auteur nous a offert dans son livre en 2011 retournent à la littérature de voyage de Sylvain Tesson.
En revanche, les amoureux des grands espaces sublimés par un excellent réalisateur (quelle lumière !) et les amateurs d’acteurs pris au piège de leur propre jeu au coeur d’un scénario imposant des conditions de tournage difficiles sont les bienvenus. Ils seront servis par la justesse de Raphaël Personnaz, comme toujours, et quelque peu impressionnés par la présence magnifique de Evgueni Sidikhine.
Non, on ne retrouve rien de l’histoire ni du personnage de Tesson. Ce serait mentir en revanche que de dire que l’ambiance n’est pas retranscrite : oui, il faut casser la neige pour y trouver l’eau. Il faut affronter le blizzard à des températures frôlant l’irraisonnable, il faut affronter sa peur des ours et son vertige, passer de la glace au feu ou mourir. Enfin, il faut se coltiner le caractère russe dont les spécimens s’invitent à l’improviste pour siroter une vodka et un bout de graillon au lever du jour pour s’en retourner presque sans saluer vers leurs occupations premières.
Le scénario prend son appui non pas sur l’exil d’un homme mais sur l’idée d’exil en général. Tandis que d’autres rêvent de l’Europe, un tueur s’enfonce dans les territoires les plus hostiles pour fuir le châtiment des hommes, un autre s’y blottit pour retrouver la paix, fuir ce qui est trop plat, trop doux pour lui en occident. De ce croisement nait une jolie histoire, tendre et tragique comme savent en écrire les russes. On regrettera, pour une fois, que cette histoire et ses liens entre les personnages ne soient pas plus approfondis encore, et que le film ne dure pas quelques minutes de plus, quitte à attraper froid.
J’avais déjà repéré Raphaël Personnaz dans le film policier de Catherine Corsini en 2011, ce film s’appelait Trois mondes et j’avais été époustouflée par la présence de cet acteur que je n’avais pas remarqué auparavant. Plus tard je l’ai revu avec bonheur dans Une nouvelle amie de François Ozon. Ce rôle vient confirmer, si c’était nécessaire, qu’il fait partie de la crème des nouveaux acteurs.
Dans les forêts de Sibérie est un beau film sérieux, dans lequel l’acteur principal parvient à glisser un peu de l’humour qui parsemait le livre dont il est inspiré. Il parle enfin de revenir à l’essentiel, ce dont on a cruellement besoin aujourd’hui. Allez le voir.