Après mon propre voyage au Kenya, j’ai souhaité me replonger dans l’ambiance de la savane, au coeur d’une faune devenue presque familière, voisine durant 10 jours. Bien sûr, j’ai pensé lire des récits sur l’Afrique de manière générale. Mais je me suis tournée finalement vers le premier récit venu du Kenya qui s’est trouvé entre mes mains, celui de Vivienne de Watteville.
Je ne pouvais pas espérer meilleure replongée que celle offerte par cet ouvrage. On y découvre un personnage intrépide (la narratrice), bien loin de l’idée que l’on se fait d’une dame issue de l’aristocratie de la Grande-Bretagne des années 30. Le père de Vivienne de Watteville a un jour été tué par un lion, dans la savane africaine. Elle décide pourtant, à l’âge adulte, de retourner en Afrique, et de lier « amitié avec les animaux » qui selon elle ne peuvent être mauvais. Ce premier argument me plait bien évidemment, car il n’est rien de plus nocif que l’homme pour les animaux, quoi qu’on en dise. Aussi, partir du postulat que les animaux ne sont pas intrinsèquement méchants mais se méfient seulement instinctivement de leur plus grande source de peine, c’est intelligent.
Ensuite, la dame était photographe. Nombreuses sont les anecdotes qui marquent bien son intrépidité, et la difficulté de faire un safari photo à l’époque : tout se faisait à pied, et le matériel était lourd ! Inutile de rappeler que le déclencheur n’était pas aussi sensible que sur nos appareils photo numériques, et qu’il pouvait y avoir parfois des incidents de pellicule… Imaginez croire avoir produit la plus belle photo de rhinocéros de votre vie, et constater enfin que la pellicule était sur sa fin… que l’image n’existe pas. L’histoire en devient encore plus cocasse lorsque l’on apprend comment la photo a été prise ! Autant de petites histoires qui parsèment le livre et vous amusent assurément.
La passion de la dame sur ce terrain est la même que la mienne : les éléphants, dont il est question dans le titre. Je ne sais pas si ce livre est capable d’émouvoir un lecteur qui ne serait pas allé les voir de près, dans leur milieu naturel, et particulièrement au Kenya. Je sais juste que le regard de l’auteur sur ces immensités de la savane est touchant, attendrissant. Sa bienveillance à l’égard des habitants animaux de la savane est juste merveilleuse. Enfin, quand on a connu la tente près du Massaï Mara, c’est certain, le livre nous remet dans l’ambiance illico. 75 ans après, l’ambiance est la même, avec les hyènes qui se battent de l’autre côté de la toile, la chaleur, la pluie, les distances.. tout est si lointain, et rien n’a changé excepté le fait que nous avons aujourd’hui à notre disposition des moyens plus rapides de locomotion sur ce territoire.
« La vie elle-même n’est attrayante que quand on la vit dangereusement, en acceptant le combat avec une confiance satisfaite, en risquant tout, en s’y donnant de tout coeur. Rien ne vous appartient en toute sécurité, ni la vie, ni l’amour, ni l’argent, ni les biens, à moins que vous ne soyez prêt à les abandonner à tout moment. Car aussitôt que vous voulez mettre quelque chose à l’abri de tout risque, vous l’avez déjà perdu, et la liberté d’esprit en outre. Il peut bien vous en rester l’enveloppe, mais la vérité vivante est morte. » Vivienne de Watteville, dans, Un thé chez les éléphants (Retour au Kenya).
La seule chose qui ait changé, c’est que l’homme a encore détruit davantage la faune et la flore sur ces lieux pourtant protégés. Si le coeur vous en dit, vous pouvez signer la pétition pour sauver le Serengeti (où l’auteur se trouvait) ici : https://www.sauvonslaforet.org/
A ce savoureux récit succède un autre ouvrage, Petite musique de chambre sur le mont Kenya. Je ne sais pas encore si je vais me jeter dessus ou si je vais le garder pour plus tard, en attendant de retourner là-bas. Le blog le dira ! 🙂