Le Teckel, de Todd Solondz

Les mésaventures d’un teckel dont la présence va bouleverser tous ceux qui l’entourent.

Depuis plus de quinze ans, Solondz s’affirme aussi bien joyeux drille qu’en véritable chien fou du cinéma indépendant américain. Alors que d’autres (Joe Dante en tête ont depuis lâché l’affaire), lui continue contre vents et surtout marées tant son style acidulé et déconcertant attire mais surtout agace à tort ou à raison le plus large public. Pourtant il est injuste de renier d’indéniables qualités à son œuvre, Storytelling en tête.

Avec Le Teckel, Solondz poursuit son portrait de l’Amérique iconoclaste, désabusée, esseulée avec pour seul regard celui d’un chien. Cependant, Solondz n’hésite pas à faire vivre l’enfer à son protagoniste animal et encore moins à le tourner en dérision avec pour seul but de marcher sur les fondements traditionnels américains. L’animal domestique symbolise foyer et réconfort de la solitude. Ici il n’en est rien tant le cinéaste se joue de ses personnages et de leur compagnon qu’il se permet même d’opposer aux célèbres soaps des années soixante soixante-dix où les animaux étaient érigés en sauveurs.

Solondz pointe  l’hypocrisie, la fainéantise intellectuelle, et surtout l’absence de compassion d’une société en déliquescence. Il abandonne peu à peu la poésie onirique envoûtante de ses œuvres précédentes pour un ton définitivement corrosif et amer, se complaisant dans le cynisme parfois jusqu’à la nausée. Il affectionne les contradictions de ton, de comportement, d’idéaux à travers le contraste d’une société bucolique qui s’enfonce dans sa crasse.

Quand ni l’intelligentsia, ni la bourgeoisie, les artistes ou encore les hippies n’apportent plus rien, que reste-t-il à sauver ? Un teckel ? Même pas…

Farce jubilatoire pour les uns et irritante pour les autres, Le Teckel célèbre ni plus ni moins que la vacuité d’un monde voir d’un art en proie à la perdition. Quête vaine de l’auteur ou vraie prise de conscience, à chacun de faire son choix. Mais force est de constater qu’une fois encore, Solondz, dans son délire dévastateur ne laisse personne indifférent.

Film américain de Todd Solondz avec Greta Gerwig, Zozia Mamet, Julie Delpy. Durée 1h28. Sortie le 19 octobre 2016

About François Verstraete

François VERSTRAETE, cinéphile et grand amateur de pop culture