Poincaré, un des meilleurs hommes politiques de la IIIe République

 

Journaliste et historien

Ancien étudiant à la Sorbonne, Georges Valance a travaillé tout d’abord comme Journaliste à l’Express et fut rédacteur en chef du magazine La vie financière, puis directeur de la rédaction de L’expansion avant de devenir directeur délégué de L’Express. George Valance a aussi écrit des biographies de Thiers (Flammarion, 2007), Haussmann (Flammarion, 2000) et Valéry Giscard d’Estaing (Flammarion, 2011).        Il nous donne ici une nouvelle biographie, celle de Raymond Poincaré, président de la République durant la Grande guerre et « sauveur du Franc » à la fin des années 20. Après l’excellente biographie de François Roth (Fayard, 2000), que peut nous apprendre celle de George Valance ?

 

Un jeune homme doué

 

Issu de deux bonnes familles lorraines (Les Poincaré et les Ficatier-Gillon), le jeune Raymond grandit dans une famille bourgeoise, très aisée mais marquée par la défaite de 1870. Élève doué, il monte sur Paris, devient avocat et est élu député de la Meuse en 1887 et est classé dans les rangs des opportunistes, républicains modérés et bourgeois qui attendent le bon moment pour réformer. Poincaré devient ministre de l’instruction publique en 1893, puis ministre des finances en 1894. Finalement dreyfusard après bien des hésitations, Raymond Poincaré rompt avec Méline puis devient sénateur en 1903. Il sera ministre des finances du cabinet Sarrien en 1906 aux côtés de Clemenceau (qu’il déteste). Président du conseil en 1912, il est un chaud partisan de la loi des trois ans pour le service militaire et se fait élire président de la République en 1913, avec les voix de la droite. En 1914, c’est lui qui imprime sa marque sur la politique étrangère face au président du conseil René Viviani. Voilà la France en guerre et le rôle de Poincaré, lorrain « revanchard », sera souvent mis en cause, bien à tort.

 

Un homme d’état ?

Notre homme se satisfait mal de son rôle à l’Élysée, corseté par la constitution et la pratique parlementaire née de la crise du 16 mai 1877. Face à Viviani, Poincaré a de réelles marges de manœuvres et il en est de même face à Briand, même si ce dernier l’indispose de plus en plus. Le drame de Poincaré, au fur et à mesure que la guerre avance, est que le seul homme d’importance partisan de la guerre à outrance comme lui est… Clemenceau. Or le contentieux entre les deux hommes est lourd et il faudra les évènements de 1917 pour résoudre Poincaré à appeler son meilleur ennemi. Du temps perdu ? George Valance est assez sévère, il faut savoir que Clemenceau était dur à gérer. De plus il ne laissa que peu de marges à Poincaré… Le lorrain que Poincaré demeurait fut peu satisfait du traité de Versailles, mal négocié selon lui mais le juriste qu’il demeurait n’hésita pas à occuper la Ruhr vu la mauvaise volonté allemande à appliquer le volet « réparations ». Au niveau financier, cette occupation provoqua la faillite du mark… et celle du franc, malmené vu l’importance de la dette française (tiens, tiens). Poincaré, après l’échec du cartel des gauches, revint au pouvoir et réussit à stabiliser la monnaie nationale, au prix d’une importante dévaluation, qui solda la Grande guerre.

Artiste du rebond, tour à tour président du conseil et président de la République, Raymond Poincaré fut-il un homme d’État ? Assurément, même s’il manqua parfois d’imagination, qu’il fut trop raide face à l’Allemagne (n’est pas de Gaulle qui veut…). Voilà en tout cas une bonne biographie, qui vient compléter le travail érudit de François Roth.

 

Sylvain Bonnet

Georges Valance, Poincaré, Perrin, mars 2017, 450 pages, 24,90 €

About Sylvain Bonnet

Spécialiste en romans noirs et ouvrages d'Histoire, auteur de nouvelles et collaborateur de Boojum et ActuSF.