La raison d’un livre
Cet ouvrage part d’un constat simple : si la République fête le 14 Juillet, en souvenir de la prise de la Bastille et de la fête de la fédération, elle ignore purement et simplement le 4 septembre 1870. Or, c’est de ce jour que la République s’est installée définitivement en France (la parenthèse de Vichy exceptée), mettant fin au seconde Empire suite au désastre de Sedan. C’est tout le mérite de Pierre Cornut-Gentille, avocat (il défend actuellement Pénélope Fillon), auteur d’une biographie remarquée de Madame Roland (Perrin, 2004) que de se consacrer à l’analyse de ce paradoxe.
Une naissance difficile
Heure par heure, Pierre Cornut-Gentille relate les circonstances dans lesquelles le régime impérial, entre les mains de l’impératrice Eugénie (Napoléon III est prisonnier des prussiens) se délite peu à peu. C’est la défaite militaire, bien analysée autrefois par François Roth, qui est la cause première de la naissance de la République. D’où la prudence de Gambetta, soucieux que le régime de ses vœux ne soit pas entaché par ce désastre, le pire que la France ait connu avant la débâcle de 1940. Un autre personnage, dans l’ombre, attend son heure : Thiers. L’ancien ministre de Louis-Philippe, député depuis 1863, se tient à l’écart, refusant de soutenir l’impératrice ou de soutenir trop ouvertement les républicains. L’ancien élève de Talleyrand y gagnera le pouvoir l’année suivante. Cet ouvrage se révèle être une bonne synthèse chronologique pour un grand public ignorant et se demandant à quoi sert la rue du 4 septembre à Paris…
Sylvain Bonnet
Pierre Cornut-Gentille, Le 4 septembre 1870, Perrin, août 2017, 224 pages, 19 €
