L’épuration des intellectuels, l’enquête la plus aboutie sur le sujet

un intellectuel généraliste

Auteur de biographies remarquées -Hergé, Albert Londres -, Pierre Assouline a aussi des romans à son actif (Sigmaringen, Gallimard, 2015) et est aussi journaliste : il est responsable du « Magazine littéraire » et collabore à la revue « L’Histoire ». La collection poche de Perrin, Tempus, publie ici L’épuration des intellectuels, reprise d’un ouvrage publié en 1985 chez Complexe. Ce livre permet de revenir sur un des points les plus polémiques de cette période troublée, les procès intentés par la Justice aux intellectuels collaborateurs.

Les devoirs des intellectuels

Avec talent, Assouline raconte les procès intentés à Maurras, Brasillach, Hérold-Paquis mais aussi Henri Béraud ou Georges Suarez. Il raconte avec précision le débat intense opposant Camus à Mauriac, le « Saint-François-des-assises » brocardé par la presse résistante et communiste. La question qui parcourt le livre d’Assouline est la suivante : un intellectuel peut-il écrire tout ce qu’il veut ? Le récit qu’il fait de l’épuration est complexe. Brasillach paya de sa vie son engagement tandis que, quatre ans plus tard, Lucien Rebatet, l’auteur du pamphlet fasciste et antisémite « Les décombres », échappa à l’échafaud. L’épuration varia avec le temps, plus douce une fois la paix revenue et la guerre froide engagée. On notera aussi la façon dont Morand y échappa par un sage exil en Suisse tandis que Drieu se suicida avec classe… Un ouvrage passionnant et recommandé.

 

Sylvain Bonnet

Pierre Assouline, L’épuration des intellectuels, Perrin collection Tempus, 224 pages, 8 €

About Sylvain Bonnet

Spécialiste en romans noirs et ouvrages d'Histoire, auteur de nouvelles et collaborateur de Boojum et ActuSF.