Nous sommes le 30 août 1997. Lady Di est au Ritz. Elle part de ce lieu assailli par les paparazzis en empruntant le tunnel de l’Alma dans une Mercedes noire, et tout le monde connaît la suite : quelques minutes plus tard, elle trouvera la mort.
Je me souviens encore de cette folie qui précéda son décès. Je passais en voiture devant un kiosque à journaux, et l’un d’entre eux affichait Lady Diana Spencer en maillot de bain, pointant outrageusement quelques grains de cellulite : comme si le journalisme relevait de cela, dire ce que tout le monde sait, que même une femme anciennement promise au trône d’Angleterre n’est pas parfaite. Il s’agissait là d’un acharnement mortifère. A ce moment, je me suis dit presque tout haut : ne peut-ils pas lui foutre la paix ?
Quelques jours plus tard, Lady Di était morte, poursuivie par des paparazzis sous un tunnel parisien. On ne saura jamais ce qui s’est réellement passé, et bien sûr, tous les fantasmes sont permis : assassinat, coup monté ? Accident ? Ou bien, est-ce encore une mort déguisée qui cache en réalité une vie recommencée à zéro, ailleurs ?
Puisque tout est permis, et parce que la littérature (ici la bande dessinée) le permet, Jean-Claude Bartoll (ancien grand reporter) et Yishan Li ont pris cette histoire comme point de départ d’une intrigue où en réalité, Lady Di n’est peut-être qu’un prétexte à exposer une certaine philosophie du reportage. Dans l’histoire, on rencontre Marie-Linh, photo journaliste en herbe rêvant de parcourir le monde afin d’en dénoncer la misère. Son idée du reportage photo est bien éloignée de la presse à scandale mais la première photo qu’elle prend se retrouve à faire sensation en Une d’un grand magazine people, bien malgré elle.
L’histoire ne cesse ainsi d’opposer photo journalisme de guerre et photo reportage people. Ce n’était peut-être pas l’intention des auteurs, mais il en ressort qu’ici se mêlent goût du thriller bien mené, vision politique d’un métier qui est de plus en plus malmené, souvenir poignant d’une tragédie qui a touché énormément de gens. A cela s’ajoute bien entendu la fascination ravivée pour un personnage de l’histoire parti trop tôt.
La bonne nouvelle, c’est qu’il faudra attendre un deuxième tome pour connaître le fin mot de l’histoire qui mérite encore un peu plus de développement. Ce premier tome est un très beau début, qui attise immanquablement la curiosité du lecteur attentif.
Lady Di & Me, de Jean-Claude Bartoll et Yishan Li, Glénat, Août 2017, 104 pages.