Le diable sur la montagne, le repaire du dictateur

 

Les excursions d’un historien de Napoléon

L’amateur d’histoire connaît surtout Thierry Lentz pour ses nombreux ouvrages autour de la Révolution et de l’Empire. Il nous a ainsi donné d’excellentes biographies de Roederer (Serpenoise, 1989), Savary (Fayard, 2001), Joseph Bonaparte (Perrin, 2016) et une excellente Nouvelle histoire du Premier Empire en quatre volumes chez Fayard, dont la publication s’échelonna de 2002 à 2010. Mais il a d’autres centre d’intérêt, notre historien ayant donné une excellente synthèse sur l’assassinat de Kennedy (Nouveau monde, 2010 et 2013). La surprise de cette rentrée est de le voir consacrer un livre à Adolf Hitler et à son chalet du Berghof.

Le dictateur et son nid d’aigle

Venu sur le plateau de l’Obersalzberg près de Berchtesgaden avant sa prise de pouvoir, Hitler acheta un joli chalet qui subit d’immenses transformations, au point de devenir un palais-forteresse, grâce à l’expropriation des gens du cru, menée férocement par Martin Bormann. Car les dignitaires du Reich, voulant approcher leur maître de toutes les façons, se firent construire des chalets attenants au Berghof. De Speer à Bormann, de Goebbels à Goering, tous eurent leur maison. Et c’est au Berghof qu’Eva Braun régnait en maîtresse de maison, loin de la rumeur des crimes commis par son amant.

Hitler et sa cour

Les courtisans d’Hitler attendaient tous avec impatience leur invitation, ainsi que des journalistes et des artistes. C’est ainsi qu’une actrice de la UFA, Magda Schneider, révélée par Liebelei de Max Ophüls (qui avait le malheur d’être juif et qui dut quitter la nouvelle Allemagne), vint sur l’Obersalzberg, y compris avec sa petite fille, Romy… Pour protéger son maître et sa cour des bombardements alliés, Bormann fit aussi construite un dédale d’abris souterrains grâce à la main d’œuvre des prisonniers de guerre et des camps…

 

Aujourd’hui, il ne reste plus rien, à part la maison sur le mont Kehlstein. Du IIIe Reich et de son maître ne subsistent de toute façon que le souvenir du pire des conflits militaires qu’ait connu l’Europe et bien sûr du génocide des Juifs. Un livre glaçant qui n’humanise pas son sujet. et heureusement.

 

 

Sylvain Bonnet

Thierry Lentz, Le diable sur la montagne, Perrin, septembre 2017, 319 pages, 23 €

About Sylvain Bonnet

Spécialiste en romans noirs et ouvrages d'Histoire, auteur de nouvelles et collaborateur de Boojum et ActuSF.