Darkman, la trilogie

Freak Knight

 

Eminent scientifique, le docteur Peyton Westlake se retrouve défiguré à la suite de l’agression par un gang de malfrats au sein de son laboratoire. Laissé pour mort et soigné expérimentalement, il va s’efforcer à la fois de combattre le crime, ses propres démons et peut être un jour recouvrir un visage humain.

C’est vraiment une excellente idée en soi des éditions L’atelier d’images que de restaurer cette trilogie Darkman et de la présenter sous la forme d’un coffret digne de ce nom, en particulier pour le premier volet de la saga, signé Sam Raimi.

Car il est bien évident que c’est ce premier épisode qui incarne le mieux la personnalité traumatique de ce héros digne descendant du fantôme de l’opéra et des freaks d’Universal. Nanti d’un budget dérisoire, Sam Raimi va réussir à insuffler son savoir-faire et sa folie à cette œuvre singulière de super-héros. Le cinéaste n’est pas encore le metteur en scène respecté de Spiderman, il n’est que le chien fou derrière le trash Evil Dead, l’ami dans l’ombre des frères Cohen. Et Liam Neeson n’est point encore Schindler ou Qui Gon Jinn, son seul rôle notable fut d’incarner Gauvain chez John Boorman.

Pourtant, en dépit d’une véritable implication du studio, Sam Raimi et son équipe vont réussir à transcender ce projet de série B et poser à la fois les bases graphiques de Spiderman mais aussi d’inspirer par moments le Batman  le défi de Tim Burton.

Le postulat de départ se veut simple et efficace : Liam Neeson interprète un scientifique génial sur le point de découvrir une forme de peau liquide susceptible de régénérer les grands brûlés. Victime de gangsters, il va se retrouver horriblement défiguré et privé de sensations  à la suite de l’opération devant lui sauver la vie. Il devient alors capable d’exploits physiques surhumains suite aux montées d’adrénaline provoquées par son état. Il s’efforce alors d’utiliser ses découvertes pour recouvrer non seulement son visage mais également celui des autres pour se venger.

Nul doute qu’il n’y a rien d’héroïque dans cette quête perpétuelle de la vengeance Cependant, Raimi s’efforce tout au long du film à passer des codes habituels du film d’horreur à celui du film de super-héros, les juxtaposant habilement. Il reprend le style graphique expressionniste dont il use et abuse parfois y mêlant une violence toute cartoonesque issue de sa collaboration avec les frères Cohen, l’injustement méconnu Mort sur le grill. Il n’épargne aucune souffrance, aucun calvaire à son protagoniste, transformant son épopée en tragédie baroque escamotée par des accès sanguins bienvenus pour les uns, malvenus pour d’autres, mais dans tous les cas fort à propos.

La suite des aventures de ce chevalier monstrueux, ni Raimi, ni Neeson n’y prendront part. Si Le retour de Durant se pose comme un honnête divertissement en vidéo, Die Darkman Die lui s’éternise voire s’embourbe dans une intrigue bas de plafond et affiche les limites de son metteur en scène.

Héros vénéneux annoçant le dark knight, Darkman entre dans la lignée des personnages aux consonances classiques, dévastés par un funeste destin. Si la trilogie ne possède point un véritable équilibre et une véritable harmonie, elle a en revanche eu le mérite d’introduire un véritable héros romanesque et gothique digne des meilleures séries B de l’âge d’or hollywoodien. Et de surcroît de permettre à Sam Raimi de faire ses armes en attendant son Spiderman dix ans plus tard.

Coffret blu ray/dvd aux éditions l’Atelier d’images. Sortie le 7 novembre 2017

Darkman : film américain de Sam Raimi avec Liam Neeson, Frances Mc Dormand, Colin Fries. 1990. Durée 1h35

Darkman II, le retour de Durant : film américain de Bradford May avec Larry Drake, Arnold Vosloo, Kim Delaney. 1995. Durée 1h33

Darkman III, Die Darkman Die : film américain de Bradford May avec Arnold Vosloo, Jeff Fahey, Darlane Fluegel

About François Verstraete

François VERSTRAETE, cinéphile et grand amateur de pop culture