Un des maîtres de l’histoire en France
Ancien professeur à science po, Michel Winock a publié un grand nombre d’ouvrages qui sont devenus des classiques (citons par exemple Le siècle des intellectuels), très prisés par les étudiants curieux et soucieux de réussir leur licence d’histoire. Engagé à gauche (il doit désormais se sentir bien seul), Winock a aussi participé à la mission sur l’avenir des institutions, co-présidée avec l’ancien président de l’assemblée nationale Claude Bartolone. Il avait publié Les élections présidentielles en France en 2007 chez Flammarion, augmenté ensuite d’un chapitre sur l’élection présidentielle de 2012. Les éditions Perrin l’ont réédité l’année dernière en poche chez Tempus.
Une lente dégradation…
La lecture de l’ouvrage de Winock se révèle, à son corps défendant, déprimante. Avec lui, on pénètre dans les arcanes de la Ve République, on voit comment la réforme de 1962, instaurant l’élection du président au suffrage universel, a changé les institutions. On voir de Gaulle en ballotage (il a failli démissionner), Pompidou doubler sur le fil Alain Poher (à l’époque président du sénat), Giscard battre Mitterrand grâce à l’appui de Chirac. Tout cela, le lecteur curieux et âgé de plus de trente-cinq ans se le rappelle et vibre au récit offert par Winock. Mais, outre le fait que l’élection de 2017 imposant un jeune premier autoritaire ne soit pas analysé, on a envie de dire : quel déclin ! De de Gaulle à Sarkozy, de Mitterrand à Hollande, les présidents descendent de l’Olympe, deviennent des people (beurk, quelle expression dégoûtante) sans compter l’amoindrissement démocratique : ils sont élus sans ensuite appliquer leur programme. On lit patiemment les propositions de Michel Winock pour revivifier notre démocratie (inclure une part de proportionnelle par exemple). Reste que le panorama proposé est déprimant…
Sylvain Bonnet
Michel Winock, Les élections présidentielles en France, Perrin « Tempus », octobre 2016, 320 pages, 9 €
