Les derniers jours de Versailles, un récit sérieux de l’année 1789

L’historien de Versailles

 

Archiviste paléographe de formation, actuellement conservateur au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Alexandre Maral est connu comme l’auteur d’un Roi Soleil et Dieu (Perrin, 2012) passionnant et d’un Femmes de Versailles (Perrin, 2015) très enlevé. Il propose ici un ouvrage intitulé Les derniers jours de Versailles, c’est-à-dire une chronique de la première année de la Révolution qui mit fin à la monarchie absolue. Il n’est pas le premier, loin s’en faut, à se consacrer à une telle gageure !

 

Des journées décisives

 

Il se propose ici de revenir sur des journées décisives – et leur origines- de l’année 1789 qui ont amené les états généraux à s’arroger le pouvoir constituant et à précipiter la fin de la monarchie absolue. Nourri par les archives, le récit d’Alexandre Maral reprend les journées du 5 mai, des 17 et 23 juin, du 14 juillet, des 5 et 6 octobre pour en faire ressortir les caractéristiques les plus saillantes. Il faut se garder dans pareille entreprise de toute tentation téléologique, les « révolutionnaires » ne pouvant savoir pas où ils allaient.

 

Des hommes pris par un évènement qui les dépasse

 

Si l’Etat royal s’effondre aussi rapidement, si évidemment les causes en sont multiples, reste que la personnalité du Roi interroge. Louis XVI, fragilisé par la mort de son fils aîné, apparait indécis et souvent hésitant. Il apparaît aussi, comme l’ont démontré en leur temps Jean de Viguerie et plus récemment Jean-Christian Petitfils, qu’il partageait certaines aspirations des députés, dont l’abolition des droits féodaux (il en avait aboli certains dans le domaine royal dès son avènement). Et quid des députés ? Un M       irabeau et un jeune Talleyrand séduisent, tant par leurs propositions que par leurs personnalités. La palme de la bêtise revient cependant à La Fayette, inconstant, incapable lors des journées d’octobre de prendre les bonnes décisions pour empêcher l’assaut du peuple à Versailles : Rivarol le qualifiait de « général Morphée » car il dort à chaque fois que se passe un évènement majeur. D’une marmotte on ne fait pas un grand homme…

 

Voilà en tout cas un excellent ouvrage.

 

 

Sylvain Bonnet

 

Alexandre Maral, Les derniers jours de Versailles, Perrin, janvier 2018, 608 pages, 29 €

About Sylvain Bonnet

Spécialiste en romans noirs et ouvrages d'Histoire, auteur de nouvelles et collaborateur de Boojum et ActuSF.