Le Chardonneret, publié en 2013, a reçu le prix Pulitzer de la fiction en 2014. Quand un livre est accompagné d’un tel succès, je suis toujours un peu frileuse et attends que celui-ci retombe pour le lire. Je ne veux pas que ma lecture soit influencée par tout ce qu’on en dit, et surtout pour la vague d’engouement qu’il suscite : cette vague est super contagieuse.
C’est donc cette année que j’ai décidé de lire cet ouvrage, très en retard mais avec le recul nécessaire. Ma première réaction, sur le premier tiers du livre, a été de me demander pourquoi il avait été tant apprécié. Nul doute qu’il est accessible, comme peut l’être un Carlos Ruiz Zafon. Ce n’est pas ce que j’en avais ouï dire. J’avais cru comprendre qu’il était plutôt intello, pas si facile d’accès. En réalité, il s’agit d’une intrigue populaire basée sur un drame qui met en scène une œuvre très célèbre, Le Chardonneret de Carel Fabritius (1654).
Certes, l’auteur pioche et pose ici ou là quelques références érudites, et son intrigue repose sur l’art, l’artiste, ce qu’il veut dire en tant que tel, ce qu’il peut cacher, ce qu’on peut décrypter. Cependant on sent justement de la part de Donna Tartt une volonté de populariser l’ensemble de son propos.
L’histoire commence par l’adolescence de Théo, traversée par un drame qui bouleversera toute sa vie, mettant ainsi le puzzle du livre en place. On suit le personnage durant de très (trop ?) longs chapitres mettant en scène son adolescence brinqueballée de New-York à Chicago. Au fil du livre le personnage s’étoffe, prend du grain, s’épaissit dans le bon sens du terme. Les derniers chapitres seront une merveille car Théo expose enfin ses idées, semble se trouver.
Le roman valait-il cependant plus de 1000 pages ? Je n’en suis pas sûre. Il a sans doute fallu ce temps et cet espace à l’auteur pour peaufiner son intrigue, asseoir ses effets, installer son lecteur dans une pesanteur telle que les surprises en sont plus frappantes. C’est en tout cas un livre pour lequel il faut prendre son temps, et accepter de s’installer, de se poser. C’est un peu une contemplation à laquelle il faut se résigner pour participer au voyage qui suit plus loin, et à la réflexion qui est offerte.
Sans nul doute, ce temps passé avec ces personnages, cet univers, avec une belle partie à New-York, restera gravé dans ma mémoire. Je n’aurais pas dit ça durant les premières pages… et pourtant, la magie a opéré.