A l’occasion de la sortie des Indestructibles 2, Disney avait convié durant la campagne de promotion quelques journalistes à rencontrer le réalisateur. Faisant partie des heureux élus, je rapporte donc quelques échanges émis pendant la conférence. Une manière de connaître un peu plus le talentueux créateur des Indestructibles ou du Géant de Fer ainsi que du meilleur opus de la saga Mission : Impossible, Protocole Fantôme.
Question : nous sommes aujourd’hui à une ère où nous sommes abreuvés de films de super-héros ; cela a-t-il influencé votre travail ?
Brad Bird : Ah cela a un peu cassé mon enthousiasme…Il faut des années pour faire un film d’animation…Et pendant des années je me suis dit que le film sortirait après tous ces films de super-héros, qu’il y en aurait trop. Cela m’a travaillé pendant une heure. Et après je me suis dit ce n’est pas grave, je vais avancer car ce qui me plaît le plus ici c’est que ce n’est pas seulement un film de super-héros, c’est un film sur la famille. C’est cela qui m’intriguait et c’est pour cela que je voulais le faire.
Question : A une période où les blockbusters se font de manière standardisée, Brad Bird peut il parler d’une mise en scène qui rappelle le cinéma d’auteur ?
Brad Bird : (les producteurs autour ; c’est un vrai réalisateur ! en riant). Ce que j’adore chez Pixar, c’est une société qui apprécie la différence dans les personnalités des réalisateurs. Vous connaissez tous les différents réalisateurs Pixar et chacun a sa propre personnalité et c’est là où l’on retrouve la force du studio Pixar. Par exemple le court-métrage Bao présenté en amont du film, est fait par un jeune réalisateur qui a sa propre personnalité et c’est ce que j’aime chez le studio, c’est de pouvoir être différent.
Question : On a appris récemment que John Lasseter allait quitter Pixar en fin d’année. On aimerait savoir comment les réalisateurs ont appris la nouvelle et quelle part a-t-il dans la conception des Indestructibles 1 et 2 ?
Brad Bird : ces projets n’auraient pas vu le jour sans la participation de John Lasseter. Au début c’était quelqu’un qui participait beaucoup à la création de l’histoire. C’est quelqu’un qui a vraiment de supers histoires, de supers scénarios, il nous a beaucoup influencé là-dessus. Il faut savoir qu’au début Disney ne voulait pas faire les Indestructibles. Et c’est Brad qui s’est mis entre nous et le studio pour faire plier un exécutif qui ne voulait pas faire ce film…d’ailleurs ce dernier va bientôt quitter Disney.
Question : On voit dans le film plusieurs immeubles tomber et un pont s’écrouler. Ces images se rapportent elles à votre autre projet d’adapter le livre sur le tremblement de terre de 1906 ?
Brad Bird : Une répétition si vous voulez (en riant un peu). C’est toujours un projet en suspens. J’espère toujours faire ce film. C’est un moment passionnant de l’histoire des Etats-Unis. Mais il faut beaucoup de temps pour faire ce genre de film. Et je ne suis pas sûr de gâcher plusieurs années de ma vie sur ce sujet-là pour l’instant.
Question : Est-ce que le look du film qui ressemble un peu aux années soixante-dix et aux dessin animés d’Hanna Barbera tient d’une volonté nostalgique de votre part ?
Brad Bird : Soixante. Les années soixante étaient cool, les années soixante-dix horribles (en riant). Quand j’étais enfant, les films de super-héros n’étaient pas vraiment bien faits. Les séries, les films n’étaient pas top. Les méchants pas bien représentés. Et je me suis tourné vers les films d’espionnage avec de vrais méchants. Doctor No, Goldfinger. Et pour moi c’était les vrais méchants, j’ai adoré cette idée ; donc je suis parti du principe que ces films-là étaient des bande-dessinées car Batman et compagnie ce n’était pas vraiment ça.
Question : Voulez vous faire un film de super héros live ?
Brad Bird : On m’a proposé de faire à plusieurs reprises de faire des films de super-héros…qui ont bien fonctionné sans moi donc c’était peut-être une bonne chose de ne pas les avoir faits. J’ai mes propres super-héros, ce sont les Indestructibles. Cela me suffit comme ça.