Un historien de l’armée et du catholicisme
Professeur à Saint Cyr, Frédéric Le Moal s’était fait remarquer avec un ouvrage sur la guerre de 40, Juin 40, la guerre des Alpes (Economica, 2008) coécrit avec Max Schiavon. On l’a retrouvé ensuite avec une biographie alerte du roi d’Italie Victor-Emmanuel III (Perrin, 2015) et un ouvrage très pertinent l’attitude des papes face aux totalitarismes : Les divisions du pape, le Vatican face aux dictatures (Perrin, 2016). Au printemps dernier, il a publié une Histoire du fascisme passée relativement inaperçue.
Une thèse provocante
Au cœur de l’ouvrage, on trouve une argumentation déjà vue auparavant. Le Moal, à la suite de d’autres historiens, s’attache à démontrer que le fascisme n’est pas qu’un simple mouvement réactionnaire : il le situe même dans la filiation de la Révolution de 1789, particulièrement dans son caractère unanimiste niant le pluralisme politique et sa volonté de construire un homme nouveau. Il a certainement trouvé une partie de sa thèse chez Emilio Gentile et Renzo da Felice, historiens italiens très pointus et experts du sujet. Il a également beau jeu de montrer que Mussolini bien sûr et une large partie de ses cadres proviennent de la gauche, particulièrement du parti socialiste.
Une synthèse efficace
Cette thèse n’a rien de nouveau et ne choquera que ceux qui veulent être choqués. On se permettra de préciser nettement que le fascisme est aussi en contradiction flagrante avec un aspect fondamental de l’héritage de la Révolution de 1789, les droits de l’homme. La rhétorique de l’antifascisme développé par le Komintern a classé à l’époque le fascisme à droite, certes, mais c’est aussi là qu’il trouva en Italie beaucoup de ses soutiens, même de circonstance. Le reste de l’ouvrage se lit bien et expose avec clarté les enjeux du « Ventennio » fasciste. Cependant on recommandera pour creuser plus le sujet la lecture des interprétations du fascisme de Renzo De Felice (Editions des Syrtes, 1996).
Sylvain Bonnet
Frédéric Le Moal, Histoire du fascisme, Perrin, avril 2018, 432 pages, 23 €