Shazam !

Big

 

Adolescent orphelin, Billy Baston enchaîne les familles d’accueil qu’il finit par quitter invariablement.  Envoyé à Philadelphie, il va être choisi par le sorcier Shazam pour devenir un champion de la justice. Le début d’une aventure initiatique…

Depuis le Dark Knight Rises de Christopher Nolan, on se met à rêver d’une nouvelle adaptation réussie de l’univers Dc comics. Après les naufrages de Suicide Squad et de Justice League, passer outre les fades Wonder Woman et Aquaman, viennent désormais s’ajouter les aventures de Shazam (autrefois dénommé Captain Marvel avant que la maison concurrente ne ravisse les droits de l’appellation). Personnage acheté en 1972 par Dc Comics, cette dernière accusa ses créateurs de les concurrencer en plagiant leur héros phare, Superman…Malgré ces différents, le cinéma porta ses exploits à l’écran très tôt sous la forme des fameux sérials durant les années quarante.

Ce portage moderne devient donc l’occasion de découvrir pour un large public l’histoire de Billy Baston, jeune adolescent rebelle capable de se transformer en être quasi divin suite à sa rencontre avec un sorcier millénaire, en prononçant le mot Shazam (onomatopée anglophone pouvant signifier abracadabra, mais dans tous les cas servant à une invocation magique). A la tête du projet, les studios Warner ont placé David F. Sandberg dont le fait d’armes le plus notable fut de réaliser un épisode de la franchise horrifique Annabelle.

Dès l’exposition, le metteur en scène s’attarde sur la double thématique qui va traverser son long-métrage. D’une part le microcosme familial, comment y évoluer ou en être exclu. D’autre part la crise d’adolescence personnifiée par l’attitude de Billy. En optant pour cette approche, Sandberg use du matériau original pour mieux s’identifier aux travaux de Sam Raimi sur Spider-Man ou de Brad Bird sur les Indestructibles. En soulignant d’entrée les trajectoires parallèles de Sivana et de Billy, Sandberg s’efforce de conter les parcours périlleux et surtout chaotiques de jeunes hommes en devenir que leurs entourages ont brisé. Malheureusement, Sandberg échoue sur ce point dans cet exercice si cher à Sam Raimi, tant les bonnes intentions sont entachées d’une maladresse formelle flagrante, démultipliant les clichés, adoptant un ton au premier degré qu’il ne maîtrise point.

Quant à l’approche familiale, elle use plutôt d’une diversité de façade, et ne dégage même pas la sympathie que le spectateur s’attend à ressentir quand il s’attarde sur la vie quotidienne de ces anciens laissés pour compte.

Le film repose surtout sur les ressorts comiques souvent potaches, engendrés par le fait qu’un adolescent devienne tout à coup un adulte tout puissant. On se souvient alors de Big ou d’Au secours j’ai trente ans. Pourtant là encore, passé le petit effet de surprise pour les néophytes, ne subsistent à l’arrivée que des gags éculés et des situations maintes fois vues.

Certes Shazam ! n’indigne point autant que certains de ses aînés, Justice League en tête.  Pourtant, il incarne le produit mal calibré, mal fini, et surtout rapidement à court d’idées. Certes, son absence de prétention le sauve du naufrage. Mais il n’atteint point sa cible contrairement aux autres œuvres qu’il essaie vainement de singer.

 

Film américain de David F. Sandberg avec Zachary Levi, Asher Angel, Mark Strong.

 

About François Verstraete

François VERSTRAETE, cinéphile et grand amateur de pop culture