Le spécialiste de l’armée allemande de la seconde guerre mondiale
On connait Benoit Rondeau comme auteur de biographies de Rommel (Perrin, 2018) et de Patton (Tallandier, 2016). On lui doit aussi des synthèses comme Invasion ! (Tallandier, 2014) ou le débarquement vu du côté allemand, et aussi Afrikakorps (Tallandier, 2013). Spécialiste de la seconde guerre mondiale et général et de l’armée allemande en particulier, il revient ici avec un ouvrage très ambitieux sur l’armée allemande, Être soldat de Hitler.
Une armée bien formée
L’un des mérites de l’ouvrage est d’insister sur deux qualités essentielles du soldat allemand : l’instruction et l’encadrement. D’abord, le futur soldat est bien formé et bien entraîné, malgré les brimades héritée de la tradition militaire prussienne. L’objectif est de former un groupe solide où les soldats s’entraident et se soutiennent, de créer un esprit de camaraderie. Quant à l’encadrement, tout repose sur le corps des sous-officiers qui chapeaute les soldats et aide à créer du lien. On accorde aussi du soin à la formation des officiers, dont l’esprit d’initiative sur le terrain est encouragé. La future Wehrmacht peut aussi à la veille de la guerre compter sur l’importance de la Luftwaffe et bien évidemment sur la division Panzer (même si celle-ci est aussi le fait d’improvisation, comme l’a indiqué un récent article de Guerres et histoire). Et puis c’est une armée innovante : par exemple, les premières opérations parachutistes d’envergure sont allemandes.
Il n’y a que la marine qui ne soit pas prête, Hitler n’ayant pas voulu braquer les britanniques par un plan de réarmement trop important dans ce domaine. Peu de cuirassés, pas de porte-avions : ces manques couteront à terme très cher au IIIe Reich.
Une armée complice
On ne reviendra pas ici sur les succès de la Wehrmacht, bien connus et bien documentés. On saluera par contre combien Benoit Rondeau éclaire bien le soi-disant mythe d’une armée allemande « propre » face aux crimes des SS. A l’est, les soldats accompagnent voire participent aux massacres et aux débuts de la shoah, rares sont les actes de rébellion. A l’ouest, malgré des tueries comme à Oradour, la situation n’est pas comparable. On reste en tout cas impressionné par la rapidité avec laquelle ces soldats se sont réadaptés et réintégrées dans la société allemande d’après-guerre. Pour conclure rapidement et simplement, ce livre est une réussite et rappelle combien les soldats allemands pouvaient être redoutables.
Sylvain Bonnet
Benoît Rondeau, Être soldat de Hitler, Perrin, mai 2019, 496 pages, 25 €