Maléfique: le pouvoir du mal

La belle et la bête

Après avoir été intronisée reine de la Lande par sa marraine, la toute puissante Maléfique, Aurore s’apprête à épouser le prince Philip. Elle n’imagine pas que ses futures noces vont non seulement mettre en péril celle qu’il l’a élevée mais également tous les êtres désormais sous sa protection.

Si l’univers des Studios Disney s’est calqué pendant très longtemps sur bon nombre de contes et de mythes populaires, il ne fut point étonnant de les voir égratigner le flux essentiel qui fit leur gloire jadis, dictés par une volonté de tout moderniser voire de tout reconstruire. Les succès des films Pixar, Marvel et Star Wars ne devaient point ombrager tout un pan culturel fondateur. Dans cet esprit, La reine des neiges se démarqua par un engouement populaire immédiat. Et il y a eu l’entreprise Maléfique, il y a cinq ans, censée apporter une touche de noirceur à des contes de fée au manichéisme balisé. Malgré des maladresses formelles évidentes, l’entreprise voulue honorable recelait quelques trésors de subtilité enfouis sous une machine pétaradante plus ou moins bien huilée.

Sa suite Maléfique : le pouvoir du mal se dévoile à présent toujours avec les présences d’Angelina Jolie et d’Elle Fanning au casting et désormais à la tête du projet Joaquin Ronning, connu pour ses travaux sur la comédie Bandidas et le dernier épisode de la saga Pirates des Caraïbes.  Son passage sur Pirates des Caraïbes afficha d’ailleurs ses limites formelles : Ronning se montra relativement inefficace dans l’exposition d’enjeux pourtant limpides à la base.

Dans Maléfique : le pouvoir du mal, le propos apparent et le message sous-jacent s’avèrent d’emblée évidents. En poursuivant l’histoire initiale comme pour faire suite aux écrits non-dits concluants chaque conte, le long-métrage articule sa narration autour d’une union laissée de côté à la fin du premier opus. Par ce biais, Ronning s’efforce de mettre en place un contexte politique cohérent, traitant aussi bien de guerre civile, d’impossibilité de vivre ensemble ou encore de génocide. Pari risqué s’il en est. Et terriblement maladroit à l’arrivée. Comme sur Pirates des Caraïbes, Ronning ne parvient jamais à équilibrer sa mise en scène, démultipliant les pistes sans jamais les conclure efficacement.

Certes, il espère rattraper chaque faux pas par des morceaux de bravoure et quelques trouvailles plus ou moins ingénieuses. Pourtant, il peine tout du long à convaincre, son récit ne possède plus le charme qui faisait la force du volet précédent. Malgré tout et en dépit d’un cabotinage certain, la présence d’Angelina Jolie sauve par moments les meubles quand elle endosse son rôle d’ange de l’Apocalypse. A contrario, elle force bien trop le côté lyrique de l’entreprise et surjoue son idylle maternelle avec Elle Fanning.

Sans être totalement déplaisant ni soporifique, Maléfique : le pouvoir du mal ne réitère pas en revanche le relatif miracle de son prédécesseur. Jamais à son aise, Ronning ne cesse de se chercher et de chercher une véritable unité à son œuvre. A l’arrivée, le long-métrage se retrouve dégarni des nuances iconoclastes qui donnaient un véritable intérêt à la franchise.

Film américain de Joachim Ronning avec Angelina Jolie, Elle Fanning, Michelle Pfeiffer. Durée 1h59. Sortie le 16 octobre 2019

About François Verstraete

François VERSTRAETE, cinéphile et grand amateur de pop culture