Vampire vous avez dit vampire ?

La folle histoire de Dracula

Charley est un adolescent ordinaire, partageant son quotidien entre sa petite amie Amy et sa passion pour les films d’horreur, surtout ceux mettant en scène Peter Vincent, le chasseur de vampires. Un nouveau voisin s’installe, le ténébreux Jerry Dandrige. Charley le soupçonne rapidement d’être un vampire…et va enrôler dans sa traque Peter Vincent lui-même.

Si les comédies dîtes horrifiques sont aujourd’hui monnaie courante, à voir les succès des Bienvenue à Zombieland et autres Shaun of the dead, ce n’était point encore le cas en 1985, année de sortie de ce Vampire, vous avez dit vampire ? Certes, il y avait eu le notable et réjouissant Bal des vampires de Roman Polanski. Pourtant, mêler humour et effroi semblait inconcevable à cette époque durant laquelle la démultiplication à l’écran des slashers à la Vendredi 13 affichait l’imagination limitée de l’industrie pour plaire à un large public au box-office. D’ailleurs le personnage de Peter Vincent ne se prive pas d’évoquer cette tendance pour expliquer sa propre descente aux enfers personnelle, ancienne vedette désormais oubliée au profit de modes passagères.

Tom Holland évoquait déjà à demi-mots la volatilité des goûts d’un public toujours friand de nouveautés. Si actuellement, la série Stranger Things et le long-métrage Ready Player One ont affiché leur amour de la culture des années quatre-vingt amenant  une forme de renaissance pour cette période, Vampire vous avez dit vampire ? usait déjà de la même formule en 1985, se rappelant aux bons souvenirs des Christopher Lee, Bela Lugosi et des grandes heures de la Hammer. Mais Vampire vous avez dit vampire ? c’est un peu plus qu’une formule gagnante nostalgique, le film symbolise une technique à rebours des principes de déconstruction en vogue depuis près de vingt ans.

En lieu et place de s’éloigner des clichés usuels au genre, le cinéaste au contraire abuse et surjoue des stéréotypes pour mieux faire ressortir non pas le côté horrifique et encore moins dramatique du récit mais plutôt l’humour désiré à l’origine du projet. Ainsi si le long-métrage de Tom Holland est cousu de fil blanc, c’est pour mieux surprendre le spectateur non pas en accouchant d’un énième jeu de massacre rendu romantique par la figure du vampire, mais plutôt en recentrer l’iconographie adolescente au sein d’un genre, largement écornée à cette époque. Le teenager redevient maître de son périple initiatique et n’est plus un faire valoir ou une victime au quotient intellectuel limité.

Par ce procédé, Tom Holland n’ouvre pas seulement la voie à bon nombre de comédies horrifiques ou à son futur Chucky, il pose les bases du futur travail de Joss Wheddon sur la série Buffy !

Jamais avare en morceaux de bravoure comique à défaut d’être épique, Vampire vous avez dit vampire ?n’égratigne pas un mythe et ne se moque point du passé comme le fera Wes Craven avec Scream notamment. Il préfère plutôt s’ancrer dans une histoire encore récente pour y puiser un humour certes convenu mais efficace. Jamais prétentieuse, l’œuvre de Tom Holland a le mérite de divertir à défaut de se graver indéfiniment dans les mémoires. Le film devient un digne héritier des sympathiques séries B d’antan à défaut d’égaler la plastique des références qu’il cite à tour de bras.

Film américain de Tom Holland avec Chris Sarandon, William Ragsdale, Amanda Bearse. Durée 1h40. 1985. Sortie le 30 octobre en dvd/blu ray aux éditions Carlotta.

About François Verstraete

François VERSTRAETE, cinéphile et grand amateur de pop culture