Le rap domine, les femmes s’invitent dans la danse
Le rap a conquis le monde : ceci est un fait. Un article récent du monde a démontré qu’il représentait désormais le courant principal de la musique française, permettant ainsi à de nombreux interprètes d’émerger, tel Orelsan. Et il en est de même aux Etats-Unis. L’amateur de rock et de soul le regrette mais encore une fois, c’est la réalité commerciale. Le livre de Sylvain Bertot, déjà auteur de Rap, hip hop (Le mot et le reste, 2013) se propose de revenir sur le rap au féminin, les rappeuses. A priori, cela paraît étonnant tant le genre s’est bâti sur des figures testoronées, telles 2Pac. Pourtant, on va le voir, elles existent.
Rappeuses, mode d’emploi
Eh oui, des femmes font du rap et pratiquement depuis le début, contribuant à subvertir un genre musical macho et misogyne. Dès les années 80, on trouve ainsi le groupe Salt’n Pepa (souvenons-nous de Let’s talk about sex) Queen Latifah ou Roxanne Shanté. Sylvain Bertot place dans les années 90 la figure de Lauryn Hill mais cette chanteuse est autant influencée par la soul et le jazz que le rap : un cas donc limite. Il faut dire que le RnB attire plus facilement les artistes féminines. Faire sa place dans le rap nécessite aussi d’avoir les codes quitte à les subvertir. Des femmes comme Lil Kim vont donc proposer des morceaux faisant l’éloge du sexe et invitant les hommes à maîtriser l’art du cunilingus (Not tonight) : une réponse à Snoop Doggy dog et à ses clips récupérant l’image du porno ? Sans doute. En tout cas, nos rappeuses n’ont pas peur, pensons par exemple à Missy Elliot. Et c’est tant mieux !
Pour conclure
Aujourd’hui, les charts sont occupés par des rappeuses comme Nicki Minaj. Commercialement, ça marche fort et les textes semblent plaire à la jeunesse. On se permettra des réserves quant à la musique. Les rappeuses des années 90 et 2000 samplaient des chansons soul ou rock, voire avaient recours à des musiciens doués. L’amateur ici estime que le compte n’y est pas… l’intérêt de cet ouvrage fruit d’une érudition sans faille est de corriger en tout l’image du rap et de souligner d’artistes féminines (et féministes). A découvrir.
Sylvain Bonnet
Sylvain Bertot, Ladies first, Le mot et le reste, novembre 2019, 288 pages, 21 €