Un héros… de cinéma
On ne présente plus Dietrich Von Choltitz, gouverneur allemand de Paris qui aurait sauvé la capitale de l’anéantissement en capitulant « honorablement » en 1944. On le voit ainsi incarné par Gert Fröbeans le film (insipide) Paris brûle-t-il ? de René Clément et sous les traits du charismatique Niels Arestrup dans Diplomatie de Volker Schlöndorff. Von Choltitz a aussi laissé des mémoires où il raconte l’ensemble de son parcours militaire au sein de la Wehrmacht, ici présenté et annoté par Jean-Charles Foucrier à qui on doit un excellent La guerre des scientifiques (Perrin, 2019).
L’art du plaidoyer
A l’instar de nombreux autres généraux allemands, Von Choltitz livre un plaidoyer pro domo. Rempli de détails très intéressants, ses mémoires passent sous silence des épisodes gênants comme la participation des unités placées sous son commandement au génocide des juifs sur le front de l’est : on le sait d’autant plus que ses conversations en prison ont été enregistrées par les britanniques et qu’il avait manifesté ses regrets… sur la libération de Paris, il convient de relativiser une légende tenace : tous les monuments n’avaient pas été piégés avec des explosifs. Von Choltitz, qui se peint comme un partisan de Stauffenberg, avait la pleine confiance d’Hitler lorsqu’il est nommé gouverneur militaire de la capitale française. Certes, il a sauvé des vies en signant la capitulation mais ce n’était pas un résistant…
Ce livre est un exemple supplémentaire de la nécessaire relecture critique des mémoires laissés par les généraux allemands de la Wehrmacht. Très bon travail en tout cas de Jean-Charles Foucrier.
Sylvain Bonnet
Général Von Choltitz, Mémoires, traduit de l’allemand par A.M. Bécourt & Martin Briem & Klaus Diel & Pierre Michel, édition présentée par Jean-Charles Foucrier, Perrin, septembre 2020, 352 pages, 22 €