Un deuxième volume attendu
Après un premier volume consacré à la guerre pendant l’antiquité et le Moyen-Age, le deuxième est consacré à la période dite de l’âge classique, la période moderne pourrait-on dire. C’est Hervé Drévillon, auteur d’une histoire militaire de la France (Perrin, 2018) qui le dirige, entouré de Nicolas Cadet, Bernard Gainot (connu comme auteur de L’empire colonial français de Richelieu à Napoléon, publié par Armand Colin en 2015), Benjamin Deruelle ou encore Martine Acerra.
Mutations du phénomène guerrier
Les progrès techniques et l’introduction de l’arme à feu changent petit à petit les conflits. Comme dirait Pétain, le feu tue et tue de plus en plus. De l’arquebuse au Chassepot, les progrès sont manifestes. Ce volume permet aussi de voir que ces progrès se diffusent à l’extérieur de l’Europe : la Chine et le Japon se dotent d’arquebuses puis de fusils, idem dans le monde musulman. Et puis c’est aussi le temps des conquêtes coloniales, de l’Amérique du Sud à l’Algérie, où l’Occident révèle sa capacité à projeter des effectifs importants : seule l’Europe est à l’époque capable de cela.
Les citoyens et l’opinion publique
La Révolution invente (ou réinvente) le soldat-citoyen et la guerre idéologique. Mais l’opinion publique est présente avant : ainsi durant la guerre de sept ans, William Pitt utilise les journaux comme caisse de résonnance pour amener le Roi à le nommer au gouvernement en utilisant l’écho des défaites anglaises. Pamphlets, libelles pullulent ensuite pour justifier les guerres contre la France révolutionnaire. La Nation, cette idée révolutionnaire, change les guerres et entraîne la massification des effectifs engagés : 500 000 hommes s’affrontent à Leipzig en 1813. Le dix-neuvième siècle voit ensuite la révolution industrielle changer la guerre : le progrès technique permet lui aussi de tuer de plus en plus de soldats.
Un volume intéressant.
Sylvain Bonnet
Hervé Drévillon (sous la direction de), Mondes en guerre : l’âge classique XVIe-XIXe siècle, Passés composés, octobre 2019, 784 pages, 39 €