Un historien de l’Italie
On connaît peu Hubert Heyriès, professeur d’histoire contemporaine à l’université Pau-Valéry-Montpellier-III. Il avait pourtant déjà publié une biographie de Garibaldi (Privat, 2002). Il est malheureusement décédé à 56 ans en juin de cette année après avoir publié chez Perrin cette Histoire de l’armée italienne. Rendons-lui donc hommage.
Une institution encore récente
Au fond on découvre avec ce livre que l’Italie a une histoire militaire très ancienne et une armée très jeune. L’unification date des années 1859-1870 et il a fallu créer une armée à partir de celle du Piémont-Sardaigne bien sûr mais en incorporant des soldats napolitains, siciliens, lombards, romains (des anciens états du Pape) avec leurs traditions. L’amalgame a pris du temps, on s’en rend compte grâce à l’étude d’Hubert Heyriès.
Des performances contrastées… et souvent caricaturées
L’armée italienne a pris modèle à la fois sur la France et l’Allemagne, hésitant entre une armée encasernée et une armée de masse. Pour le reste, le soldat italien a souvent été décrié, caricaturé… De fait, l’armée italienne a souvent pâti d’un commandement souvent inepte (elle n’est pas seule, songeons à l’incompétence d’un Gamelin) ayant du mal à incorporer les innovations techniques et tactiques. Les soldats italiens se sont pourtant aussi révélés très combatifs, durant la 1e guerre mondiale ou en Lybie, alliés aux nazis sous le commandement de Rommel. Saluons aussi des unités d’élite comme les Alpini. Il n’y a pas de lâcheté italienne, dont acte. L’intégration dans l’OTAN a permis la modernisation et aussi une certaine réhabilitation de l’institution après la période fasciste. Après avoir mis fin à la conscription dans les années 2000, l’armée italienne reste une institution respectée, impliquée dans des opérations de maintien de la paix.
Une belle étude du regretté Hubert Heyriès.
Sylvain Bonnet
Hubert Heyriès, Histoire de l’armée italienne, Perrin, février 2021, 608 pages, 28 €