Un historien de l’Amérique noire
Professeur à Sciences Po, Pap Ndiaye est un spécialiste de l’histoire des États-Unis : on lui doit ainsi une Histoire de Chicago parue chez Fayard en 2013, particulièrement éclairante sur le fonctionnement politique de la grande métropole américaine. Il vient de faire paraître Les noirs américains, un ouvrage forgé à partir des articles qu’il donne à la revue L’histoire (qui est partenaire de Tallandier pour la sortie de ce livre) depuis une quinzaine d’années.
Une minorité particulière
De toutes les populations de migrants venus en Amérique, les afro-américains sont les seuls qui sont venus involontairement et sous la contrainte et réduits en esclavage pour travailler d’abord le tabac puis le coton. Si l’esclavage est aboli à la fin de la guerre de Sécession en 1865, les noirs vont perdre dans le Sud leurs droits politiques avec les lois Jim Crow et la mise en place de la ségrégation. Le chapitre consacré par Pap Ndiaye à ce moment est particulièrement éclairant, les élites du Sud ayant manœuvré pour empêcher un front de classe (parlons un peu marxiste) entre travailleurs pauvres blancs et noirs afin de maintenir des salaires bas. Le système s’est maintenu jusqu’aux années 1960… On se doit de signaler que la musique ne serait pas la même aujourd’hui s’il n’y avait pas eu des génies comme Duke Ellington, Miles Davis, John Coltrane ou encore Prince (la liste n’est pas exhaustive).
Des combats d’actualité ?
Le mouvement « Black Lives Matters » et les manœuvres récentes des états du Sud désormais aux mains du parti Républicain afin de réduire au maximum l’importance des minorités et surtout des noirs dans le processus électoral démontrent bien que le combat est loin d’être gagné. L’Amérique, on l’a vu lors de la prise du Capitole par certains partisans (racistes dans leur majorité) de Trump le 6 janvier, va mal. Bon ouvrage au demeurant.
Sylvain Bonnet
Pap Ndiaye, Les noirs américains, Tallandier, octobre 2021, 272 pages, 18,90 €