Marie-Antoinette, la légèreté et la constance: à la découverte du mythe

Une spécialiste de l’Ancien Régime

Conservateur du patrimoine au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, Hélène Delalex est connue pour de nombreux ouvrages sur la période de l’ancien Régime comme Le Carrousel du Roi-Soleil (Gallimard, 2016) et Un jour avec Marie-Antoinette (Flammarion, 2015). Elle publie dans la nouvelle collection Bibliothèque des histoires de Perrin, en collaboration avec la BNF, un ouvrage sur la dernière reine de France.

Les sources avant tout

En bonne historienne, Hélène Delalex s’est tournée vers les sources, plutôt abondantes, afin de saisir la personnalité de Marie-Antoinette. Elle se sert ainsi des mémoires de sa femme de chambre, madame Campan, de celles du Prince de Ligne ou du Baron de Besenval mais aussi des correspondances, au premier chef celle léguée par la reine elle-même. Se dessine petit à petit le portrait d’une femme mal formée au rôle de reine, intelligente mais peu travailleuse, sympathique et aussi dotée d’un énorme pouvoir de séduction. Louis XV par exemple ne pouvait rien lui refuser et il en sera de même pour Louis XVI. Elle est aussi très rarement impopulaire, ce dont elle se rendra compte bien tard…

Une figure de tragédie

Femme parfois frivole, Marie-Antoinette impose aussi un style et un goût. Admirée par son entourage, elle convainc Louis XVI de financer l’aménagement du petit Trianon, confié à Richard Mique, qui suscite l’admiration des touristes aujourd’hui. Les portraits d’elle dus à l’immense Elisabeth Vigée Le Brun laissent l’image d’une femme qui cherche à échapper à sa condition de reine, même devenue mère (après la consommation tardive de son mariage). La riche iconographie de ce livre laisse découvrir satires, lithographies érotiques (on lui suppose une liaison avec son beau-frère le comte d’Artois ou la princesse de Polignac) ou politiques. Cette femme est diffamée, haïe et personne ne semble la croire quand elle nie son implication dans le scandale du Collier. La Révolution ne l’épargnera pas, on le sait et elle écrira aux souverains d’Europe pour solliciter une intervention (une trahison, au passage) dont elle ne voit pas qu’elle lui serait fatale.

Postérité

Son exécution ne met pas fin au mythe. Tout au long du XIXe siècle s’épanouit une sorte de « culte » d’abord discret autour de Marie-Antoinette. Elle est même devenue une héroïne de cinéma (voyez le film de Sofia Coppola) et son succès éditorial est phénoménal : son seul rival dans ce domaine est Napoléon. On continue de s’interroger sur sa vie, sur sa relation avec Fersen. Il y a quelque chose de la princesse Diana chez Marie-Antoinette. Ce beau livre permet de s’en rendre compte.

 

Sylvain Bonnet

Hélène Delalex, Marie-Antoinette la légèreté et l’inconstance, Perrin « bibliothèque des histoires », novembre 2021, 312 pages, 25 €

About Sylvain Bonnet

Spécialiste en romans noirs et ouvrages d'Histoire, auteur de nouvelles et collaborateur de Boojum et ActuSF.