Un historien du fait religieux
Sous ce titre un peu racoleur se cache un recueil d’articles profondément remanié de Guillaume Cuchet, professeur d’histoire contemporaine à Paris-Est Créteil et auteur d’un ouvrage qui avait fait date, Comment notre monde a cessé d’être chrétien (Seuil, 2018). Il y établissait un lien entre l’effondrement de la pratique religieuse, la sortie du catholicisme et le concile Vatican II. Ardu ! ici il dresse un état des lieux de ce monde catholique français.
Une France de moins en moins chrétienne
Vu le nombre de « messalisants » (moins de 3% de la population adulte), on peut estimer que le catholicisme a perdu définitivement la partie, surtout chez les jeunes devenus ignorants de la religion (les sans religions sont majoritaires parmi eux). La génération des baby-boomers est celle qui a décroché en premier, entraînant une rupture de la transmission de la religion. À côté d’une minorité musulmane récente et plus jeune (mais gagnée elle aussi par la « sécularisation » et la sortie de la religion, le catholicisme selon Guillaume Cuchet est devenu une religion minoritaire, urbaine, plus conservatrice aussi (même s’il faut nuancer).
Un héritage à sauvegarder ?
L’auteur insiste en conclusion, un peu à la suite de Régis Debray, pour le maintien d’un catholicisme culturel à côté de la sauvegarde du patrimoine. Il insiste sur certaines valeurs qu’il conviendrait de sauver sans la croyance qui a disparu. L’auteur de ces lignes doute que cela soit encore possible. Un bon ouvrage en tout cas, très bien documenté.
Sylvain Bonnet
Guillaume Cuchet, Le catholicisme a-t-il encore un avenir en France ?, Seuil « la couleur des idées », septembre 2021, 256 pages, 21 €