Un historien aux curiosités multiples
Professeur émérite à l’université de Paris VIII, Bernard Quilliet a publié un grand nombre de biographies, citons par exemple celle de Guillaume le Taciturne (Fayard, 1994), de Christine de Suède (Presses de la cité, 1982). Il s’attaque ici à la figure de l’apôtre le plus mystérieux du catholicisme, Jean, censé être l’auteur d’épitres, du 4e évangile et de l’apocalypse. Jean a fait couler beaucoup d’encre à travers les siècles, tant le texte de son évangile diffère de celui de Marc, Luc et Mathieu.
Qui fut-il ?
« Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. »
Voilà l’introduction la plus belle qui soit à la foi catholique, traduite du grec dans l’évangile selon Jean. Qui en fut l’auteur ? Bernard Quilliet au fond ne tranche pas. Soit l’apôtre Jean, pêcheur de Galilée à l’origine (donc peu cultivé à l’origine) en est l’auteur, soit un disciple très proche, Jean le Presbytre : les deux figures se mélangent dans l’histoire des premiers siècles du christianisme. Bernard Quilliet réussit en tout cas avec brio à nous restituer le paysage religieux de la Judée du premier siècle de notre ère, en pleine effervescence religieuse. A la fin de l’ouvrage, le mystère demeure mais c’est normal. Et cela n’enlève rien à la beauté de l’évangile de Jean.
Sylvain Bonnet
Bernard Quilliet, Jean l’évangéliste, Tallandier, février 2022, 352 pages, 22,90 euros