Un médiéviste reconnu
Professeur à l’ENS de Lyon, Sylvain Gouguenheim s’est imposé depuis plusieurs années comme un des meilleurs historiens de la période médiévale. Parmi ses ouvrages les plus connus, citons sa biographie de Frédéric II (Perrin, 2015) précédés d’un remarquable Les chevaliers teutoniques (Tallandier, 2007) ou encore du polémique (pour ceux qui ne l’ont pas lu) Aristote au mont Saint Michel (Seuil, 2008) : dans cet ouvrage, salué par Jacques Le Goff, Gouguenheim y remettait en cause le rôle de transmission de la culture et du savoir grec joué par les érudits arabes (à l’exception toutefois d’Averroès). Ici, il s’intéresse à un épisode très largement inconnu, la conversion des Baltes.
Des païens récalcitrants et difficiles à connaître
Entre le XIe et le XVIe siècle, la chrétienté européenne eut à faire face au défi de la conversion des Baltes, peuples venus après les slaves et où on peut inclure les Prusses, qui donnèrent leur nom au royaume de Frédéric II quelques siècles plus tard. Avec ce livre, remarquable, on découvre des Baltes qui répugnent à renoncer à leurs dieux. Il n’empêche qu’ils jouent, eux les païens, un rôle géopolitique considérable, entre russes, teutoniques et polonais. C’est la perspective de gouverner la Pologne qui mène le futur Ladislas Jagellon à se convertir. Les sources sur ces peuples païens (et dont nombre de superstitions vont perdurer jusqu’à la réforme protestante, et même au-delà) sont intéressantes mais aussi souvent tributaires de la culture de leurs auteurs : ils cherchent des rémanences du paganisme grec, voire scandinave, en se penchant sur le panthéon et les croyances baltes.
Un ouvrage passionnant qui satisfera les curieux, une espèce dont l’auteur de ces lignes fait partie.
Sylvain Bonnet
Sylvain Gouguenheim, Les derniers païens, Passés composés, janvier 2022, 445 pages, 24 €